La source infidèle, par Jean-Claude Boyrie

LA SOURCE INFIDELE

Une source acrobate, une source infidèle,
Une source qui chante, innocente et cruelle,
Une source de joie, une source d'ennui,
Une source étourdie ayant perdu son lit.

Un sourire arc-en-ciel, un sourire orchidée
Le  sourire épineux de la fille effeuillée,
Sourire parapluie, éternel, oublieux,
Réséda carnivore au sexe ténébreux.

Dis, source ébouriffée,
En bulles jaillissant,
Sans cesse ressourcée
Tu sourds en bondissant,
Amoureuse pensée,
Sourire d'un instant.

Le silence du bois: un instant électrique,
Bleu, café, d'or fondu, vague-à-l'âme, basique,
Un instant dérisoire, un instant d'exception,
Un instant qui s'enfuit: Paix! voici Zébulon.

Un ami rocailleux, bain de soleil, magique,
Aboyeur, inconstant, inconsistant. Panique!
Un ami loup-garou qui hurle en forniquant,
On a juste oublié la panne de courant.

Ami de pacotille,
Point virgule édenté,
Trait d'union ou cédille,
Tiret mal fagoté.
Dans les bras d'une fille,
Aux couleurs rose-thé.

Douce-mousse au parfum de cannelle et vanille
Dans un frou-frou de soie, elle se déshabille,
Dingue fringue au parquet, pain d'épice en émoi,
Gouttière dézinguée, il a plu sur le toit.

Une rue couperet, coupe-vent, coupe filles,
Une rue de déglingue et de talons aiguilles,
Pleureuse, pleurnicheuse, à chats, en promotion
Qui part de la Bastille, arrive à la Nation.

Dis, rue mal embouchée
Et qui va son train-train,
Torve, triste, paumée
Ô, ténébreux chemin,
Qui me dira l'allée,
Où mène mon destin?

                                Jean-Claude

[Réemploi d' éléments « qualifiés à rebrousse-poil »,
tous ateliers confondus,
sur l'air « Dis quand, reviendras-tu? » de Barabara.]