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1 mars 2007

Naissance de Vénus, chute d'un cerf-volant, par Jean-Claude Boyrie

Naissance de Vénus, chute d'un cerf-volant
(version rimée)

 

 

VENUS

Souvent, pour s'amuser, des enfants sur la plage
Livrent leur cerf-volant à l'azur éthéré.
Phébus, de mille feux, brille sur le rivage:
L'hiver est déjà loin, mais ce n'est pas l'été.

Leur jouet, tel un aigle à la belle envergure,
Dans un sublime envol, s'élance vers le ciel.
Il surplombe la grève, autant que brise dure,
D'un panache qui flotte à l'arrière, irréel.

Avec précision, les jeunes le dirigent,
Accrochés à son fil qu'ils tirent de la main.
L'un d'eux, adolescent, du peu de vent s'afflige.
L'autre qui trotte, insouciant, n'est qu'un gamin.

Non loin d'eux, sur la plage, évoluent deux minettes.
Bras tendu vers l'avant, la jambe qui fléchit,
Pour capter le regard, ces gracieuses nymphettes,
Dans leur déhanchement, miment le taïchi.

L'eau claire, scintillante, incite à la baignade.
Frisquette, cependant: « Plongerons-nous ou pas? »
« Conjuguons nos talents », répond l'autre naïade,
«Moi, j'enlève le haut, tu retires le bas! »

Ondine callipyge et nymphe anadyomène,
Toutes deux, prestement, ôtent leur bikini.
Elles jouent à l'envers une troublante scène:
Vénus naissant de l'onde et de Botticelli.

Les gosses médusés n'ont plus d'yeux que pour elles,
Au point d'en oublier qu'ils jouent au cerf-volant.
Ce dernier ne perd rien du plongeon des donzelles
Qu'il observe de haut, voguant au gré du vent.

C'est par trop négliger la rêne qui pendille,
Traîne au sol, puis se mêle aux flots impétueux.
Traîtresse elle se prend dans les pieds, s'entortille,
Elle s'enroule aux bras, aux jambes, aux cheveux.

Hélas pour les enfants, la tramontane tombe.
Leur jouet inopérant, dérisoire héros,
Tel un aigle blessé qui lutte et puis succombe,
Plane, pique du nez, s'abîme dans les eaux.

Le cerf-volant déchu, devenu cerf-qui-flotte,
Entre deux eaux n'est plus qu'un lamentable objet.
Avachi, détrempé, tristement il barbote:
Ses ailes de géant l'empêchent de nager.

L'histoire finit là. Je laisse les deux filles
Sortir de l'onde amère et (sans se dépêcher)
Les garçons s'éloigner, lorsqu'elles se rhabillent,
Et mettre leur jouet sur la rive à sécher.

                  Jean-Claude

                                     [P.S. Voir également "Polémique" cocernant ce poème à la rubrique "Humour"]

 

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