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7 octobre 2008

L'aède

L'Aède.

 

Pour fuir l'ardeur du jour, il s'était mis à l'ombre

d'un pin majestueux. Seul arbre de ce cap

torturé par les vents, dont la brise de mer

agitait le feuillage. Au-dessus de sa tête,

le crépitement sec des aiguilles froissées.

 

Il se sentait chez lui sur ce roc escarpé!

Nul mortel ne viendrait troubler sa solitude,

il pourrait y chanter les héros et les dieux.

Un parfum balsamique émanait de ce tronc,

chauffé par le soleil et moite de résine,

se mêlant à l'odeur enivrante, sucrée

du genêt épineux à la fleur douce-amère.

 

L'aède humait à pleins poumons le vent du large

aux relents de marée en décomposition,

porteur de pourriture, de miasmes, de fragrance.

Oh, l'odeur de varech! Oh, ce remugle d'algues!

Oh, ce monde mouvant, sans cesse renaissant!

 

Le bruit de ses troupeaux - bêlements et sonnailles

parvenait assourdi des pâquis alentour.

Venaient ici brouter des brebis et des chèvres,

cherchant avidement l'herbe maigre du lieu.

Le berger d'Arcadie en tirait chaque jour

un lait sentant le suint. Des fruits de son jardin

faisaient son ordinaire avec quelques olives,

des galettes à l'huile embaumant le pain frais.

 

S'y mêlait la senteur d'herbes aromatiques:

origan, basilic, romarin, serpolet,

qu'exhalait au soleil la garrigue mouillée.

Leur odeur remontait du sol aux frondaisons.

Leur bouquet chatouillait ses narines gourmandes.

 

Oui, l'aède éprouvait le besoin de chanter

l'étendue océane ayant nom: mer Egée,

à laquelle une chèvre avait donné son nom.

 

Il disait son amour pour sa terre natale,

accompagnant son chant d'un instrument rustique,

qu'il avait fait durant les longues nuits d'hiver.

 

 

AEDE

 

Cet arc qu'il nommait « lyre », à cinq cordes pincées,

résonnant tour à tour entre ses doigts noueux.

 

Les notes s'égrenant, des accords jaillissaient.

L'instrument soulignait sa lente mélopée.

Il surgissait des sons étranges, incertains

des mots venus d'ailleurs, qu'il avait dans sa tête,

qu'il tenait de son père et de ses grand parents.

Il chantait le pays, terre de ses aïeux.

 

Ah! Comme il eût aimé dire l'azur du ciel,

le blanc éblouissant du roc déchiqueté

par les flots furieux, ce fier promontoire où

la mer s'est imbriquée en mille indentations.

Ah, comme il eût voulu décrire la turquoise

de l'eau, des tourbillons d'écume floconneuse!

Mais hélas il n'avait jamais vu tout cela

qu'en imagination, car il était aveugle.

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