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13 décembre 2008

Le Camping-car, par Béatrice

                                                          

            Son camping-car – en fait un vieux camion aménagé - était sa deuxième maison. Il l’avait acheté d’occasion et son plus grand plaisir était de le bricoler, d’aménager des étagères, de vérifier l’évacuation de l’eau, le fonctionnement du nouveau frigidaire… Au printemps il allait chez  le concessionnaire et achetait avec minutie et réflexion toutes les pièces dont il avait besoin. Les fauteuils étaient vieux, inconfortables même, mais il les préférait ainsi. Après tout, le camping-car et lui ils se convenaient bien tous les deux, dans le début de la vieillesse. Lui, il avait eu une vie chaotique, un grave accident de voiture lui avait valu 2 ans d’hôpital. Et depuis, comme son complice brinquebalant, il boitait mais ne voulait pas s’avouer vaincu.

 

 

Les jours de voyage, il les préparait au moins une semaine en avance, avec fébrilité : achat de la nourriture, vêtements pliés dans de petits bacs en plastique pour ne pas prendre trop de place, plancher bien lessivé. Le jour J arrivé, il montait, fier comme Artaban, dans son véhicule, à la conquête d’un nouvel Eldorado. Assis en hauteur il dominait tous les autres touristes, un sourire énigmatique aux lèvres. Il était chez lui dans son camion gémissant et difficile à manier. Sans s’inquiéter des bruits de ferraille, il musardait et découvrait les paysages de France. C’était son plaisir d’homme simple et modeste – simple et modeste comme l’était son habitacle.

 

 

A midi il s’arrêtait et buvait au soleil, en plein air, un pastis bien mérité, son petit chien à ses côtés. Il était content de lui faire partager ses goûts. Le soir il cherchait un coin désert pour installer son camping-car pour la nuit. Fourbu il s’endormait dans son camion fatigué. Il savait que le lendemain le camping-car démarrerait à l’heure, fidèle au poste. Il faut dire qu’il avait été militaire et qu’il connaissait lui aussi l’obéissance et l’exactitude. Il savait aussi que l’essentiel ce n’était pas l’apparence. Le camping car était doté d’un solide moteur Mercedes et lui, son cœur était en or. Il avait le caractère soupe au lait  des Italiens : démarrant au quart de tour, il se calmait et ronronnait 5 minutes plus tard.

 

 

            Oui vraiment le conducteur et sa propriété étaient faits pour s’entendre !

 

 

                                                                                                                            Béatrice LAUDICINA, déc. 2008

Dans ce texte, il s'agissait de faire le portrait d'un personnage à travers un objet qui lui soit emblématique.

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Commentaires
S
Bravo Béatrice pour ce touchant portrait (que je découvre avec 3 ans de retard)<br /> J'ai également lu vos autres textes ("Alicia","Pétiton","Un après-midi chargé"...) : je les trouve tous vraiment très bien rédigés, émouvants et originaux.<br /> Cela dit "le camping-car" reste mon préféré.<br /> Continuez à écrire !
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