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4 mai 2010

"Genèse", par Jean-Claude Boyrie.

Genèse.

ENFANT1

Au commencement étaient : le vide, le néant, le rien, ou les trois à la fois.

Il y avait des ténèbres dans l'abîme.

L'enfant emplit un verre d'eau savonneuse,

 y trempa son chalumeau de paille.

Des bulles  de savon s'échappèrent.

Ce furent autant d'astres légers

qui s'envolèrent

et vinrent peupler le ciel tout rouge.

Et l'enfant vit que cela était beau.

Il y eut un soir, il y eut un matin.

  Premier jour.

ENFANT2

L'enfant dit « Que la lumière soit ! »

et le soleil se mit à briller.

L'univers commença de s'échauffer.

Une fine buée apparut à la surface de la terre

encore minérale et  sèche.

Elle s'y condensa en gouttelettes irisées :

ainsi se forma la rosée du matin.

Chaque goutte était porteuse

d'un germe minuscule, venu d'on ne sait où.

Ces perles d'eau tombèrent sur le sol

en faisant « floc ! floc ! »

et l'eau féconda la terre.

 Et la vie apparut : les végétaux, des herbes

 puis des arbres apparurent....Un serpent

se mit à ramper dans la pierraille.

Un papillon battit des ailes.

Le premier oiseau prit son essor.

Deuxième jour.

ENFANT3

 L'enfant se munit d'une échelle et l'installa, prenant appui contre le ciel, il y grimpa.

Puis saisit un ciseau de sculpteur et un maillet, façonna les nuages du ciel

à l'image du papillon et de l'oiseau.

Et l'enfant jugea que cela était bien.

       Troisième jour.

POUSSIN

L'enfant voulut que la forme

qu'il venait de créer fût parfaite.

Il inventa l'ovale et l'oiseau pondit un oeuf.

Pour en éprouver la solidité, l'enfant tapa

sur la coquille avec son maillet.

la coquille se fêla. Un poussin en sortit.

Quatrième jour.


ENFANT4


     L'enfant revêtit une blouse de peintre et tendit de toile vierge

un châssis qu'il posa sur son chevalet.

Il peignit sur la toile vierge

ce qui manquait encore à son oeuvre :

un amas d'eau avec ses algues et ses poissons.

Il appela le mouillé « mer » et le sec « terre ».

Et l'enfant trouva

que tout cela s'accordait fort bien avec le reste.

Ainsi furent achevés le ciel, la terre, la mer

et tout ce qui les peuplait.

Cinquième jour.


 Le sixième jour, l'enfant jugea qu'il avait assez travaillé. Son plan de charge prévoyait pourtant qu'il place autre chose dans sa composition : une créature à son image. Il restait d'ailleurs à cette fin dans la goutte d'eau des origines un embryon inutilisé. L'artiste ferait son chef d'oeuvre, l'être le plus abouti qui soit, le plus perfectionné de sa création, conçu pour dominer les poissons de la mer, les oiseaux dans le ciel, les serpents et les papillons sur terre.

Et puis l'enfant réfléchit, posa son ciseau, son pinceau.

Méfiant, il jugea que le mieux était l 'ennemi du bien. Qu'il pouvait être dangereux de faire une créature à sa ressemblance. Croissant et se multipliant, le nouveau venu risquait de se prendre pour son créateur, abîmant par là-même ce qu'il avait déjà, lui, réalisé. Bref, il allait mettre la pagaille dans son oeuvre. Mieux valait prendre du recul en s'arrêtant un jour de plus. La création de l'homme n'avait rien d'urgent, elle attendrait bien la semaine suivante.

Et ce fut l'invention de l'A.R.T.T.

 

Illustrations : tirées du jeu de cartes « Dixit » (poussin : dessin de l'auteur).

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