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17 juin 2010

Rituel du lever, par Rosalie Jeannette

RITUEL DU LEVER

 

Comme chaque matin, je suis réveillée par un doux baiser posé sur ma joue engourdie par mon compagnon de toujours. Comme chaque matin, il a amabilité d’éteindre le réveil avant que la stridente sonnerie vienne torturer mes oreilles. Tout mon être aspire encore au repos. Le temps n’existe plus. Encore quelques minutes dans la douceur des draps froissés. Encore quelques minutes dans cette pénombre si apaisante.

 

Malgré tout, le temps passe. Les minutes semblent s’écouler plus rapidement que dans la journée. Il faut se lever, deuxième rappel du bien aimé, déjà prêt à démarrer la journée. Encore un rapide baiser, un baiser juste là pour motiver. Le temps de me retrouver, les yeux encore pleins de sommeil, assises sur une chaise trop haute pour ce début de matinée.

 

Comme chaque matin, un énorme bol de thé fumant trône sur le comptoir de la cuisine. Manquant de peu de m’étaler sur le sol, je me relève, fais le tour de ce comptoir, habituellement beaucoup moins long, saisis un pain au lait dans le bas du placard et la confiture faite maison, mais pas par moi, sur une étagère du frigo.

 

Pourquoi s’arrête t’il toujours à la préparation du thé, lui qui me rappelle régulièrement qu’il vaut mieux bien manger le matin plutôt que le soir ? Intérieurement, je sais bien pourquoi. Je dois parfois, lors d’une absence de plusieurs jours dans la maison familiale, composer avec ce que je trouve dans les placards. Il est vrai aussi que n’aime pas manger toujours la même chose ; d’ailleurs, souvent j’adore prendre un bol de céréales et rêvasser au-dessus. Sauf quand je prends mon « psychologie magazine » sur lequel je m’attarde toujours en perdant la notion du temps qui passe. Il faut toujours que je finisse un article. C’est plus fort que moi. Je n’aime pas me laisser guider par la montre. C’est peut-être pour cette raison que je n’ai pas de pendule chez moi. Enfin, si, il y a une sur le mur de la cuisine mais elle est plus décorative : il faut vraiment être dessus pour voir où se trouvent les aiguilles. Je finis toujours par chercher l’heure sur l’ordinateur de la pièce du fond avant de passer à la salle de bain adjacente, mais cela ne me travaille pas trop.

 

Très attentionné en dépit des nombreuses années de vie commune, mon compagnon a soigné l’équipement de notre salle de bain. Toutes les conditions sont réunies pour se sentir bien. Le temps n’a plus de prise. Là encore, je me trouve des excuses, pas toujours valable mais qui me conviennent, pour prolonger ce temps, un moment bien personnel que personne ne peut me voler, un moment où je prends soin de ma personne, un moment que je consacre à me faire une beauté –tout est relatif- avant de me présenter au monde. A ces instants précis, le monde peut bien s’écrouler. Je deviens égoïste. J’aurai ensuite toute la journée pour me rattraper.

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