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27 janvier 2011

Quelle était la probabilité... par Paul Lilin

Quelle était la probabilité qu’un café inspire cette histoire ?

 

paulcaf__noir2Noir, c’est noir. Ça oui. Mais même dans le plus noir des abysses on trouve une probabilité, la probabilité d’une action incongrue, impensable – mais bien présente.

Cordelya est l’une de ces probabilités. Oh, bien sûr, elle n’est pas une probabilité très probable, mais elle espère bien qu’à force de persévérance elle se déroulera, avant la fin de sa jeunesse libre et enchantée – hop, tapis rouge, Cordelya sera dans la place.

Cordelya est une originale : elle aime les idées incongrues, parfois qualifiées de sottes ou de stupides. Elle ne veut surtout pas passer inaperçue.

Un pigeon qui, de frayeur, pond un œuf au-dessus d’une cheminée au moment où, devant l’âtre, des hommes d’affaires ont recours à cette formule vieille comme le monde de « l’omelette et des œufs brisés » pour justifier une nouvelle exaction financièrement bénéfique, c’est une belle coïncidence. Mais les pigeons sont trop rapides, et les cheminées trop petites pour que Cordelya réussisse cet exploit – ce n’est pourtant pas faute d’y avoir réfléchi.

En ce moment, Cordelya s’essaye à l’art. Il y a deux manières de faire de l’art pour une probabilité. La première est de se trouver un artiste et de lui ouvrir les yeux au bon moment, qu’il réussisse son tableau, sa photo, etc. L’autre est celle de Cordelya : pousser juste ce qu’il faut les feuilles mortes pour qu’elles dessinent un arbre, les nénuphars pour qu’ils tracent les contours d’un visage… Faire de l’art avec la nature. Ephémère et magique.

Bientôt, Cordelya va devoir se fixer. Elle va devoir devenir une probabilité fixe, la probabilité d’un seul évènement qu’elle choisira une fois pour toute. Fini la récrée, les dessins invisibles dans les nœuds du vent et les jeux avec les humains. Il lui faut choisir quelque chose de pas trop commun, mais de pas trop rare non plus : tant qu’elle ne se sera déroulée, elle sera coincée dans le possible.

Mais Cordelya n’arrive pas à choisir. Elle serait bien tentée d’opter pour quelque chose de facile, comme, eh bien, qu’on donne son nom à une héroïne de roman. Mais la littérature n’a jamais été sa tasse de thé.

D’un autre côté, elle ne voudrait pas passer inaperçue. Alors, que décider ? La probabilité que des oiseaux chantent, en présence d’êtres humains bien sûr, le Requiem de Mozart ? Elle n’avait jamais aimé la musique classique. Celle qu’un parachute tombe juste à côté d’un suicidaire, en haut d’une falaise ? Il n’aurait qu’à prendre un flingue. Et d’ailleurs elle n’aimait pas les suicidaires. Qu’un éléphant peint en rose déboule devant un ivrogne notoire ? C’était une idée, mais elle avait trop de respect pour les éléphants pour l’adopter.

Finalement, vous voulez savoir ce qu’elle à élu ? Eh bien, elle serait la probabilité que quelqu’un écrive son histoire.
.

   .

      .

NB (note à benêt) : Aucun café n’a été maltraité pendant l’écriture de ce texte. D’ailleurs, aucun café n’est à l’origine de ce texte, c’est juste une excuse de Cordelya. La réponse est donc « aucune probabilité », même si c’est impossible : elles sont parmi nous, partout, elles nous entourent !

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Commentaires
C
Encore une fois, un texte bien écrit et drôle ! Tu es très prometteur Paul et je compte bien suivre ça de près ;)
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