L'horloge malicieuse, par Louis Portejoie
L’Horloge malicieuse
Elle marche seule dans cette immense gare,
Dont les aiguilles de l’horloge arrêtée dansent,
Sur un quai, il est toujours trop tôt ou trop tard ;
De tous ces adieux ne reste que le silence.
Elle marche, dans la foule où l’on sait où l’on va,
Elle avance, puis retourne, puis marche encore,
Incertaine, perdue, revenue sur ses pas,
Traversée de voyageurs pressés qui l’ignorent,
Et qui avalent les minutes et les secondes,
Du temps qui leur reste et qui pour elle demeure.
L’horloge pour elle seule reprend sa ronde,
Et tourne à l’ envers, jusques aux plus belles heures,
Du temps qui n’est plus, dont pourtant la résurgence
La fait rire sourire, quand elle pleurait solitaire,
Se croyant abandonnée de lui, son absence,
A l’horloge joueuse aiguillant en arrière.