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19 décembre 2011

Le suce-pouce, par Béatrice Laudicina

Cette fois, il s'agissait d'écrire avec le non-visuel, en particulier le toucher... en est née la très douce évocation de Béatrice. Merci à Dréa qui a dactylographié ce texte.

beasucepouceJuliette se souvient avec émoi de l’extrême douceur et du doux plaisir qu’elle ressentait en suçant son pouce dans sa petite enfance. C’était une occupation quotidienne et magique qui obéissait à des lois  et des rites.

Juliette suçait son pouce très souvent : fatigue, contrariété, rêverie ou même contentement. Le contact du doigt dans la bouche la calmait instantanément mais ce geste ne suffisait pas pour la ravir. Il fallait absolument que de l’autre main elle palpe une surface douce, moelleuse, souvent un morceau de couverture de son lit.  Mais toutes les textures de laine ne convenaient pas automatiquement comme celles trop rêches, difficilement palpables. Comble de la joie il fallait qu’elle puisse malaxer un tissu fin  placé juste sur la couverture. Le drap ou un simple mouchoir faisait très bien l’affaire mais le tissu devait être léger, aérien, soyeux. Ainsi les vieux draps trop lavés et élimés avaient sa préférence. La couverture devait être en laine fine et douce,  souvent  la  mohair et le contact avec le tissu qu’elle foulait de la main était tendre et délicat lors de la pression de ses doigts. Quel bonheur c’était quand après avoir bien caressé, bien promené en le froissant le drap fin sur la suavité de la laine, elle savait qu’elle pouvait enfin enfouir goulûment son pouce dans la bouche tout en continuant à pétrir le coton et  la laine mêlés par de légères touches successives.

Très  longtemps ce besoin de contact entre la fraîcheur du coton et la douceur de la laine est resté chez Juliette, même après qu’elle eût fini de sucer son pouce. Elle était chaque fois ramenée à des sensations très vives d’enfance.

Encore maintenant Juliette ne supporte pas le contact de la laine à même la peau ni les gros cols roulés qui vous étouffent. Elle n’aime pas non plus les draps trop neufs et aime s’envelopper dans un kimono en soie.

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Commentaires
T
c'est exactement ce que je ressens au contact de mon drap sous mon nez dans mon enfance.
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S
J'ai souri en lisant ce texte qui me faisait voyager dans mes propres souvenirs...<br /> Béatrice, c'est un très joli texte. Joyeux Noël !<br /> S.
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