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17 janvier 2012

Musiques, par Sonia

Ce texte est né de la réunion de trois visuels, dont l'un a été reproduit en illustration. Quand l'imaginaire mène à la réflexion sur soi...

solangedixitDans son monde vert, petite Clémentine est seule, très seule avec son petit violon, assise sur sa grande chaise au milieu des petites chaises. Les partitions volent, la musique s’envole. Petite Clémentine joue, seule, pour qui joue-t-elle ?  Musique, solitude. Le vert est sombre, lourd.


Au-dessus, dans un univers bleu, la musique se joue en groupe. Un quatuor d’anges. Un quatuor céleste. Les musiciens dans leur petit nuage. Gaité bleue. Légèreté, insouciance des harmonies. Communion des esprits.
Tout en bas, le vieux métronome assure son tac-tac-tac militaire. Les petits soldats se portent garants du rythme. Un, deux, un deux, ils scandent les temps, ils sortent du ventre de leur mère-temps, aux pas camarades, les fusils chargés, les casquettes vissées, tac, tac, tac. Musique militaire, musique cadrée, formatée, on ne badine pas avec la cadence.


Les petits soldats du vieux métronome ne sont pas parvenus à contraindre les musiciens ; ni Petite Clémentine qui n’écoute personne et persiste avec son violon dans sa solitude verte, ni les quatre petits anges qui n’en font qu’à leur tête sur leur petit nuage dans leur monde bleu. Les musiques sont récalcitrantes. Les tac-tac-tac du vieux métronome résonnent dans le vide. Les petits soldats sont amers. Leurs pas cadencés sont inefficaces. La musique ne plie pas. La musique reste sourde à la cadence. Les petits soldats réintègrent leur caserne, le ventre du vieux métronome. Ils ne garantissent plus rien. Ils se replient. Le combat est perdu. Le tac-tac-tac ralentit, devient irrégulier, coince, grince, le tac-tac-tac militaire a déclaré forfait. La musique a gagné.


Guillaume pose son stylo et soupire. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Elle est pas mal, mais enfin pourquoi l’a-t-il écrite… ?
Cette semaine, il avait vu au Conservatoire cette petite élève en classe de violon, une fillette sans doute poussée par des papa-maman  croyant bien faire, une fillette propulsée dans la cour des grands, bien seule avec son instrument, bien triste devant ses partitions. Il avait été triste pour elle. Il avait surpris, tard dans la nuit, un groupe de jeunes gens rigolards faire sonner des musiques déjantées dans un jardin public, il les avait enviés. C’est leur liberté qu’il avait enviée. Lui qui était si tenté de bagarrer contre un vieux professeur strict qui lui imposait des rythmes stricts, qui lui interdisait toute fantaisie. Les quatre jeunes aux harmonies célestes lui avaient donné l’envie de fuir, de fuir les cadences imposées, de fuir loin de ce monde de pseudo musiciens formatés, creux, stériles.
Mais le principe de réalité le tient. Guillaume est un étudiant respectable, d’une famille respectable, Guillaume ne se laisse pas aller longtemps à la rêverie, Guillaume atterrit, reprend son instrument, travaille en suivant strictement, sans états d’âme, les règles de son vieux professeur, Guillaume n’a pas le choix, il réussira bien son concours le mois prochain.   

Sonia, janvier 2012.

Les visuels sont tirés de la série 2 du jeu DIXIT. Pour plus d'informations sur ce jeu, je vous invite à suivre ces liens:

les principes du jeu: http://www.scifi-universe.com/encyclopedie/jeu/22235-dixit.htm

l'extension : http://www.scifi-universe.com/critiques/edition-22235-25009-57-dixit-2.htm
Carole

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