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26 octobre 2012

Puerto Morelos, par Michelle Jolly

Piste d'écriture: un lieu (ou un contexte) d'où se détache un personnage.

Puerto Morelos

C’est un pays où, avant six heures le matin, tout le monde est levé, les bateaux prêts à partir, les petits cafés s’agitent, l’air est frais, le soleil se réveille dans l’eau de la mer à peine bleuie, les cormorans dans le port montent la garde sur les poteaux des amarres. C’est un pays qui parle fort à cette heure là. On grille dans la rue le maïs et les tamales, on casse les œufs, l’odeur des fritures et du café emplit l’air, peu de véhicules sont sortis, chacun prend son temps, profite de la fraicheur.

Sur la place où les taxis attendent, c’est le désert ; premier repas du jour, le travail commence dans une heure, aux bruits des voix se mêlent les oiseaux, puis une radio d’où claironne la trompette des mariachis ; la serveuse du café n’a pas mis en route le ventilateur, il fait bon. On sirote, coupe la papaye dans un bol, et croque le salé et le sucré.

C’est un pays où le vent il y a longtemps à arraché le phare,  où les maisons sont faites pour être reconstruites à chaque humeur des cyclones, où les gens malgré cela sont enracinés, constants et généreux. C’est un pays où l’on vous dit bonjour en vous serrant fort dans les bras, un pays chaud, intenable dès onze heures du matin jusqu’au soir, peu de gens y font fortune, sauf ceux venus du nord, le Texas voisin.

Tous les matins, le maire de ce pays, d’origine indienne, parcourt pour venir à son bureau quatre kilomètres en courant, avec son chien sur les talons ; on le voit arriver sur la plage, droit et fier, ses longs cheveux retenus par un cordon, torse nu sous la chemise flottante. Ses pieds nus frôlent à peine le sable, la journée finie, il refait le même chemin à la nage,  chaque jour de l’année. Certains le prennent pour un fou, d’autres l’envient car il a fière allure et les femmes le regardent ; quand on le connait un peu, on sait qu’il est juste et courageux ; sur son passage certains touristes s’amusent, mais ici, avec un phare qui penche à quarante degrés, on ne s’étonne plus que le maire ne ressemble à personne !

 C’est un pays que j’aime depuis trente ans, on y côtoie le meilleur et le pire, le tourisme y est constant, les habitants s’adaptent, mais, le matin, avant six heures, quand les vrais autochtones se lèvent, rien n’a changé, l’odeur est la même, la mer bouge à peine, les cormorans claquent leurs longs becs.   Parfois, sur la plage où l’Amérique installe du béton, les iguanes se cachent sous les algues, et quelques petits singes, venus de la forêt voisine, viennent voler le linge qui sèche, il y a des cris, des rires, et la journée continue.

puerto_morelos_

 

 

 

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