Samedi soir au supermarché, par Wanda Vitale
Pistes d'écriture: un lieu, un personnage - et la fiche pesonnage.
SAMEDI SOIR AU SUPERMARCHE
C’est un grand carré de béton coloré en beige. Il est situé à la périphérie du village. Un grand parking l’entoure, quelques arbres ridicules, sont plantés çà et là. De petites boutiques occupent l’intérieur de ses arcades.
Il est dix huit heures, peu à peu le parking se remplit, bientôt ce sera la ruée du samedi soir. En toute saison, par tous les temps, c’est le jour de semaine où la plus part des citadins se donnent rendez vous, comme à une grand’ messe.
On y côtoie toutes sortes de personnages, des plus ou moins jeunes, des plus ou moins pressés, en couple, seul, avec ou sans enfants.
A l’entrée des bénévoles distribuent des sacs pour la banque alimentaire. Ils essaient de motiver subtilement les uns et les autres. Certains s’arrêtent, d’autres passent rapidement évitant leurs regards, se sentant peu concernés.
Les portes coulissantes s’ouvrent sur une musique trépidante, interrompue de temps à autre par des annonces vantant tel ou tel produit, ou signalant une promotion.
Un étalage de nourriture, d’objets plus ou moins utiles, plus ou moins couteux assaillent les sens, vous ne pouvez pas y échapper. Les enfants ne sont pas épargnés. Les allées de la tentation ne sont pas loin. Les derniers jouets nés de la technologie, étiquetés d’un : « vu à la télé » sont en tête de rayon.
L’air est saturé d’odeurs, à celle des poissons, se mêle celle du fromage, ainsi que le parfum de la grand-mère qui attend son tour à la boucherie.
Les allées sont embouteillées, on se fait des politesses, ou on se lance des regards qui en disent long. Dans une de ces allées on retrouve un couple avec leurs trois enfants, croisés sur le parking.
La mère, Marie, conduit le caddie. Elle a sorti sa liste de courses, le budget de la famille est serré, et elle s’est appliquée, avant d’entrer dans cet antre de la consommation, à noter l’essentiel et peut être un peu de superflu, pour les enfants. La période des fêtes approche, c’est la plus difficile. Voilà deux ans que son mari, Paul a perdu son emploi, deux ans qu’ils galèrent. Au rayon légumes Marie regarde le prix et la provenance de ce qu’elle achète, c’est important pour elle malgré ses petits moyens de respecter ses convictions, elle privilégie les produits récoltés au plus proche, la qualité plutôt que la quantité.
Autour d’elle des chariots se remplissent, certains de façon indécente, lui rappelant sa situation. Mais Marie préfère tenir que courir, elle sait que parmi les personnes qui l’entourent beaucoup dépensent plus que ce qu’il gagnent, elle ne les envie pas.
Une ambiance de fourmilière règne à présent, l’heure tourne, le magasin ne désemplit pas.
Les enfants jusque là stoïques commencent à réclamer qui des bonbons , qui des gâteaux. Paul explique patiemment, sans rentrer dans les détails, le pourquoi du refus pour certaines choses, cédant sur d’autres.
Marie a pratiquement achevé ses achats. Avant de se diriger vers les caisses elle aura un geste en faveur de plus démuni qu’elle. Elle pense que personne n’est à l’abri de « passer de l’autre coté » et achètera une boite de conserve et une tablette de chocolat qu’elle remettra en sortant. Après une file d’attente aux caisses qui met leurs nerfs à rude épreuve, Marie et sa petite famille peuvent enfin rejoindre la voiture et l’air revivifiant du dehors.
Wanda