Lune pâle, par Chantal Joanny

Piste d'écriture: à partir des deux images ci-dessous, écrire un texte.

- Lune pâle, réponds- moi. 

Cela fait déjà 6 mois que je vis à Tempura pour me régénérer: cure de méditation, ablution, prière à la déesse Ankarté, mon gourou Narcisse m'affirme que je dois encore lâcher, participer plus à la communauté mais je ressens le besoin sourd de m'évader. Seule au bord du lac je sonde les brumes de cette fin de journée. Philippe nous a quittés hier, enfin déjà un mois de cela.

Ses propos résonnent dans ma tête de plus en plus fort:

- Je te supplie Anne de repartir avec moi

Il m'attrape le poignet.

- Ne casse pas mon mantra!

- Arrête, regarde-toi.

- Mais Philippe c'est ton esprit qui te freine.

- Il est encore temps de te retrouver

- Peuhhh! je suis au delà!

-J'y ai cru oui mais c'est que du bidon,

- Tu as loupé le stade 3 de l'évolution

- Tes illusions t'aveuglent, tu perds pied et ce gourou se charge de les entretenir,

- Non tu es jaloux!

- Tu es sous sa coupe,

- Il m'aime et toi peureux tu ne veux pas partager.

- Tu te perdras, repars avec moi.

Je l'ai repoussé, hautaine et méprisante.

Narcisse a depuis trouvé une autre liane, et j'ai continué ma régénération, je ne pèse plus que 35 kilos, je touche à l'essence de la vie.

Un doute que je tente d'évacuer m'assaille, et si Philippe avait raison?

Où suis-je? Feuille à demi mouillée, je m'enfonce doucement vers l'autre rive.

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Tandis qu' Anne s'enfonce, Mia s'avance confiante. Son nez frémit au pépiement de l'oiseau et de ses dents se dessine un sourire, une détermination.

« Mia, lui a dit sa soeur au printemps dernier, je suis l'aînée et je dois me marier avant toi, oublie Kahar, nous vivrons sous le même toit je te promets, tu garderas mes enfants et puis tu m'aideras aux champs. »

Mia, d'une voix percutante, aigue: « Non! Je veux ma liberté, un mari pour traverser les vagues, je ne veux pas partager, un étranger va venir...

Non elle n'avait pas partagé Kahar, son bien aimé avant les épousailles avec sa soeur, elle avait renoncé. Le coeur endurci, partir... Mia a les yeux rivés sur les montagnes alentour, elle chante doucement l'appel de l'étoilé.

Sa soeur toujours: « Sois un peu réaliste Mia, seul le marchand de thé arrive sur ce plateau, et les porteurs de Kufulu sont si pauvres, tu ne pourras pas aller bien loin.

Un drôle de bruit dans le ciel, un homme tombe accroché à une ombrelle géante. Mia court, c'est lui l'étranger qui lui fera passer les vagues!

Sa soeur éberluée ne peut la retenir.

Toute la communauté du plateau, les feuilles de thé à la main bénissent le couple aspiré par le grand oiseau .

Chantal J