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26 juin 2013

Eté, par Sonia

Piste d'écriture:  Blaise Cendrars , dans son pème "Dans le rapide de 19h40", a créé une rythmique particulière pour rendre et le paysage sonore ferroviaire, et le mouvement du voyage. S'appuyer sur cet exemple pour écrire à son tour un poème ou une prose en réfléchissant au rythme et aux assonnances. 

 

Eté, vacances, congés, l'idée du vide nous agresse, nous nargue,

ruptures brutales du temps,

le réveil qui s'abstient de sonner, nous cherchons, le matin, à l'arrêter, mais il n'y  a rien à arrêter, alors nous nous recouchons, déçus, avec la vague impression d'un manque,

le soleil nous inonde de son arrogance,

mais nous ne savons qu'en faire,

nous plongeons dans l'inconnu, nous ne sommes pas préparés, nous sommes pris de court, nous sommes pris de vertige, brutalement désoeuvrés,

notre statut social gît sur le pavé, nous avons d'un coup perdu de notre superbe,

les enfants guettent avec effroi leur liberté retrouvée,

les enfants excités, les enfants qui crient d'ennui,

les ballons cognent contre les fenêtres,

les vélos dérouillent,

et nous nous regardons, nous nous interrogeons sans oser nous formuler nos questions, sans oser nous avouer notre désarroi devant cette liberté  anxiogène qui nous titille, nous chatouille,  nous met à l'épreuve,  nous teste, cette liberté saisonnière obtenue par la force de grands combats populaires,

qu'allons-nous en faire, de cette liberté chérie du poète, les contraintes ne sont plus là pour nous cadrer, nous encadrer, ces contraintes rassurantes qui nous rythment, nous formatent tout au long de l'année,  ces contraintes qui nous disent ce que nous avons à faire, qui nous permettent de ne pas trop penser,

nous errons comme deux pauvres hères, chacun plongé dans ses pensées inavouables,

nous laissons les enfants jouer, s'ébrouer, crier,

puis un jour, sans crier garde,  des idées, des plans, des projets nous prennent au réveil,

un séjour chez la grand-mère à la montagne, un  voyage à l'étranger, oh, pas bien loin, un pays limitrophe pour ne pas se sentir trop dépaysés, nous nous mettons à chercher, à préparer, à prospecter, le vide s'apprivoise, se remplit, le plein, nous connaissons, nous aimons, nous avons tous les deux un bon coup de fourchette, le plein nous conforte,

et nous pouvons à nouveau nous regarder dans les yeux, nous sommes à nouveau sur la même longueur d'onde,

la voiture est révisée, les billets sont achetés, l'hôtel est réservé, les itinéraires fixés,

et nous sommes contents de nous,

l'action nous sauvera toujours du désastre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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