Contes à rebours (12): Etouffement bleu, par Iva Caruso
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Chapitre 12
Au moment où Clémence crut s’éteindre à jamais, où les palpitations de son cœur se mirent à ralentir (il n’était pas assez fort pour se battre contre la téméraire Bleue), au moment où elle perdit espoir et ferma peu à peu ses paupières, un air frais s’introduisit dans sa bouche, elle ouvrit soudainement les yeux. Mais elle était encore dans ce maudit tunnel, entourée par toute cette eau. Pas une once d’air pur, rien que de l’eau, mais qui étrangement n’était plus salée. Pourquoi diable ? De l’eau de mer n’est-elle pas salée. Sans doute son esprit lui jouait des tours. Elle avait dû trop en boire, tant qu’elle avait fini par ne plus sentir son goût déchirant.
La goulée d’air qui lui avait permis de survivre n’aurait qu’un effet de courte durée. Ce tunnel avait-il une fin ? Et pourquoi commençait-elle à voir une buée bleue, qui peu à peu au-dessus d’elle prit le visage d’Ethan ? Ce visage, ce visage se rapprocha d’elle, puis une main se posa sur l’arrière de sa tête et la maintint. Et alors, cette apparition mystérieuse parut l’embrasser, puis se dissipa dans l’eau.
Mais Clémence n’avait senti ni les lèvres d’Ethan se poser sur les siennes, ni la main de celui-ci passant dans ses cheveux. Non, elle n’avait rien senti, juste l’air, un souffle gelé qui lui frôla les cheveux, un souffle revivifiant qui pénétra dans son nez et sa bouche. Encore cet air venu de nulle part… Cette fois-ci, elle crut devenir folle. Elle rêvait. Mais pourquoi dans son rêve aurait-elle vu le mystérieux mais séduisant Ethan ? Pourquoi ? Etait-ce un rêve ou plutôt une hallucination ? Encore et toujours, sa conscience lui jouait des tours, sa perception de la réalité des choses aime jouer avec elle.
Soudain, elle sentit que l’eau du tunnel disparaissait peu à peu, seul un filet l’aida à glisser le long des parois. Elle reprit conscience de ses compagnons. Et ma sœur ? se dit-elle affolée, et Léo ? Ont-ils survécu ? Je suis responsable d’eux, j’en mourrai s’ils en meurent…