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26 septembre 2014

Une maison de papier, par Michelle Jolly

C’était une maison de papier, cartonné ou transparent, coloré, d’un blanc de craie, un peu froissé sur certains murs mais bien rigide pour portes et fenêtres ; parfois un papier velouté pour la pièce où l’on se repose, enfin une jolie maison de papier. Elle tremblait doucement sous les ombrages de larges palmiers, loin des grands vents, protégée par quelques rocs, pas trop écrasée pour que l’œil profite de la vue de l’eau, au loin. Le ciel large et calme l’éclairait, soleil violent parfois, mais les palmes au-dessus apaisaient son ardeur ; doux, tout doux, le jour, la lune, la nuit traçait de sa lumière un large rayon blanc sur le papier transparent des vitres.

Le premier habitant qui voulut dormir dans la maison rêvait d’isolement, recherchait la solitude nécessaire pour se reconstruire après la perte d’un être cher. Sa maison était devenue une prison, se heurtant partout à l’élu disparu ; la maison de papier lui sembla légère, inattendue, pas de souvenirs, il allait y retrouver la paix. Les premiers temps furent magnifiques, il entendait au loin l’eau chanter, les oiseaux planeurs s’agiter, les palmiers murmuraient…                Il était bien, très bien, alors il voulut le dire, le chanter, pourquoi pas l’écrire !  JE SUIS BIEN en grosses lettres, il commença par l’angle du mur face à la porte du salon, il répétait cette phrase de haut en bas, le papier c’est merveilleux pour écrire se dit-il, il continua dans la salle, puis la cuisine, il écrivait des mots qui venaient, puis de nouvelles phrases , cela avait ni queue ni tête, pensait-il, il se laissa aller, se lâcha, il fallait se lâcher dit-il ; bientôt le jour ne suffit pas ; il profita d’un rayon de lune pour continuer son histoire. Et il se raconta.

Quand il s’arrêta, épuisé, toute sa vie était sur les murs, les meubles, l’entourage des fenêtres sur les vitres même, et la porte d’entrée.   Il se sentit léger, très léger, il ouvrit la porte, vivre là dit-il n’était plus nécessaire, il s’était débarrassé de son fardeau, et il s’en alla.

Où ? je ne sais pas, on ne me l’a jamais dit… 

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