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19 décembre 2014

L'homme aux dix parfums, par Chantal Joanny

glaces

Logorallye alphabétique, placer dans son texte les mots: Architecture, briller, café, devanture, effroi, fatigue, glace, homme, illicite, jouer-jeu, kilomètre, loup, magique, noël, occuper, personne, quota, rire, statue, tinter, user, vivant

 Il est impossible de s'apercevoir de l'architecture du nouveau musée de Palerme de là où je me trouve, il est de fait encastré au coin de deux ruelles du quartier des abandonnés de la civilisation, d'ailleurs appelé Perduto. En remontant de la place centrale, suivre le canaletto di Branchi et au bout de deux kilomètres, là où brille la Madone Bianca, tourner à droite au café Forsitia de Gianna, elle adore ces fleurs depuis Pietro son premier amour et en décore sa devanture.

Ce n'est pas sans effroi que je croise les Panthers, groupe de gamins aux allures de mafiosi en herbe… Enfin, haletante je parviens al  Parque de la Gallina après une montée de 300 mètres bien raide pour mes 80 kilos ; là, je m'écroule sur le premier banc offert.

Fatigue envolée, je me délecte d'une glace à la fraise achetée à  Fabrizio, l'homme aux 10 parfums qui s'active près des touristes avec son tricycle. Bien que son commerce soit illicite, il arpente la ville en tous sens à toutes les heures, tous les anciens le connaissent et il est toléré car chacun sait que ce fieffé joueur a tout perdu au fil des années, de sa femme à ses enfants jusqu'à sa maison honorablement héritée de ses parents… Chacun sait aussi que depuis il piste, sans domicile fixe tel un loup prêt à bondir, la future maigre proie qui lui assurerait casse-croûte et litre quotidiens... Car ce n'est pas un voleur, il est fier le Fabrizio et coquet comme il peut malgré sa condition précaire.

Aussi est-ce un devoir pour tout Palermois de rendre un peu de sourire au magicien qu'il fut dans sa jeunesse, éblouissant les ragazzis. Son grand et dernier éclat à la salle de réception de la Mairie, lors des fêtes de Noël en 1988, je m'en souviens encore. J'y avais assisté entourée de mes petits-enfants, alors âgés de 6 et 9 ans, ça braillait dans tous les coins mais quand le magicien apparaissait, le silence médusé de l'assemblée attestait de sa réputation.

Dans son magnifique costume argenté qui seyait à sa taille de mannequin, il occupait la scène en tournoyant près d' un grand coffre-fort doré ; sur les roulements de tambour il en ouvrait les portillons, accompagné de Fiorella son assistante, qu'il y enfermait ensuite. Magie, magie, il ouvrait au bout d'une minute les pans du gros cube et Fiorella avait disparu. Personne n'osait respirer… lorsque le quota de l'angoisse atteignit à son maximum, il la fit réapparaître debout face au public. Dans un grand rire collectif, la statue Fiorella se ranima, et les enfants éblouis firent tinter leurs grelots usés à force d'être secoués.

Tout le monde se réjouit d'un spectacle aussi surprenant et vivant. S'ensuivit la distribution des cadeaux offerte par les élus et le pot traditionnel, qui enthousiasma les habitants. Viva natale!!

 

                                                                                                                               Chantal J

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