Vite, par Michelle Jolly
Piste d'écriture: l'affiche de Jakob Tuggener.
Vite / ne pas me retourner/ aller en hâte au premier arrêt bus/ non/ plutôt me rapprocher de chez moi / je n’ai plus mon sac/ ne pas m’arrêter/ voir s’il me suit / je suis partie si brusquement …. Comment ai-je pu ? il était si gentil / il avait pas l’air/ ne me quittait pas depuis quelques jours après le travail / et je croyais/ pourquoi ai-je cru ? il faut aller plus vite /prendre la direction du centre / accélérer / mes jambes me font mal / plus vite / le chemin est plus long / derrière ce groupe de maisons un moment pour souffler…
Pas un instant, quand il m’a proposé ce café avant de rentrer, je me suis méfiée, des yeux si limpides, un air de bon jeune homme, on parlait de tout et de rien, je n’ai pas vu qu’il se rapprochait, ni qu’il avait choisi ce lieu désert, on riait en marchant ! et soudain….
Près d’un banc/ m’embrasser/ oui mais pas ça, non pas ça : ses mains/ il m’a fait tomber/ je me débattais/ tout son corps faisait mal/ sa tête dans mon cou/ cette main autoritaire qui me poussait/ sa voix qui changeait/ J’ai eu peur/ j’ai griffé ou mordu/ il a relâché son genou contre moi/ je me suis relevée/ j’ai laissé mon sac/ ma veste / ah oui je n’ai plus ma veste il me l’a arrachée/ vite entrer à la maison/ je tremble/ aller plus vite/ l’impression qu’il me guette là quelque part tout près/ il semblait si gentil et on le connait depuis tellement longtemps………
Personne à la maison, encore au travail ; le temps de m’allonger, me recoiffer, me laver, mes mains sont sales, l’impression d’être sale aussi...
« Y a qu’à toi qu’il arrive des histoires pareilles me dit ma mère », quant à papa : « On est amis avec ces gens-là depuis ton enfance, le fils ? un bon garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche, il a voulu t’embrasser ? et alors, rien d’anormal là-dedans, allez, on les invitera à l’apéro un prochain dimanche, affaire conclue »…
mes jambes tremblent encore .