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2 novembre 2015

Nanatte perdue... par Bénédicte

Piste d'écriture: s'inspirer d'une photo (ici en illustration).

nanatte (2)

Il fallait partir à sa recherche ! Puisque personne, à la ferme, ne semblait se préoccuper de la disparition de Nanatte, les enfants se devaient d’agir.

« S’il fallait courir après tous les chats… venait de s’exclamer leur mère d’un ton moqueur.  Va plutôt ouvrir le poulailler !  » ajouta-t-elle à l’adresse de son fils.

Louis échangea un regard triste avec sa petite sœur Jeanne. Même si ses six ans lui permettaient de tenir avantageusement le rôle de grand frère face à une fillette de deux ans sa cadette toute en admiration devant son héros, la situation présente le laissait fortement  démuni.

Non seulement les « grandes personnes » ne prenaient pas l’affaire au sérieux mais en plus, elles ironisaient sur leur chagrin. Même leur grand-mère Marie qui leur prodiguait habituellement des trésors de tendresse ne mesurait pas leur désespoir. Pour ces fermiers, un chat était fait pour chasser les souris et les éloigner des réserves de grain ; on était bien loin du rôle de confident, de camarade de jeu qu’il remplissait auprès d’eux !

Louis décida alors de préparer un plan : au lieu de prendre le chemin habituel de l’école, ils cacheraient leurs cartables dans les fourrés puis partiraient à la recherche de leur chat bien aimé.  Leurs parents ne pourraient pas être prévenus avant le soir, cela leur laisserait le temps de mener à bien leur mission.

C’est ainsi que, tenant fermement sa petite sœur par la main, Louis s’engouffra d’un pas décidé dans le chemin qui menait à la forêt de Chauffour derrière la ferme.

Le bois était touffu, ce qui ne fut pas sans inquiéter nos jeunes aventuriers mais la belle lumière qui se déversait dans les clairières en ce début d’été contribua à les rassurer. Pour ne pas éveiller les soupçons, ils étaient partis avec leurs vêtements de classe, peu adaptés à une marche en forêt. Jeanne, qui était fort coquette, avait revêtu une robe à smocks en fin coton et des petites chaussures fines peu confortables en terrain difficile.

Dès qu’ils furent suffisamment éloignés de la ferme pour ne pas risquer d’être entendus, ils commencèrent à appeler : « Nanatte, Nanatte, reviens ».

Seuls les bruits de la forêt leur répondaient : frôlement des insectes, grattement des petits rongeurs, craquements des branches…

A chaque intersection de chemins, ils devaient faire un choix … et très vite, bien qu’ayant plusieurs fois parcouru ces sentiers avec leurs parents, il leur fallut se rendre à l’évidence ; non seulement, leur chat était introuvable mais de plus, ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient eux-mêmes et de comment rentrer à la ferme.

La chaleur montait peu à peu, tempérée par la voûte formée par les arbres ; un léger vent soulevait de temps à autre la petite robe de coton rose. La faim et la soif se firent sentir. Jeanne, épuisée par cette longue marche, se mit à sangloter. Louis aurait été tenté d’en faire autant mais il sentait bien qu’il devait se montrer fort pour rassurer sa sœur qu’il avait attirée dans cette aventure.

Ne sachant que faire, il décida qu’il était temps de prendre un peu de repos ; ayant repéré un endroit recouvert de mousse, il y installa sa jeune sœur et s’assit à ses côtés. Il ne fallut pas longtemps pour que, épuisés par la marche et l’inquiétude, ils ne s’endorment tous deux profondément !

Ce fut un aboiement lointain qui les tira de leur sommeil. Terrifiés par cette nouvelle menace, ils se serrèrent l’un contre l’autre, avant d’être renversés par ce qui leur parut être une énorme boule de poils ! Tout à la joie de les avoir découverts, Toby, le chien de la ferme, avait entrepris de les débarbouiller à grands coups de langue !

Peu après, Louis vit surgir derrière lui son père et un voisin, essoufflés. Rassurés d’avoir retrouvé les deux bambins sains et saufs, ils se contentèrent de les porter jusqu’à la ferme sans proférer le moindre reproche. Tandis que la mère couchait rapidement Jeanne exténuée, Louis eut le soulagement de retrouver, sous le banc au coin du feu, sa chère Nanatte … N’osant rien demander, il eut l’explication du mystère peu à peu au fil des conversations.

Peu après déjeuner, le voisin était passé à la ferme pour emprunter un outil ; il en avait profité pour demander si Louis et Jeanne étaient malades, son fils lui ayant parlé lors du repas de l’absence simultanée de ses deux camarades à l’école. Alarmé, le père était parti immédiatement en reconnaissance dans la forêt voisine en emmenant avec lui son chien, dont le flair était particulièrement réputé. Il en oublia de fermer sa remise, ce qui permit à Nanatte, emprisonnée par inadvertance dans la pièce, de prendre prestement la fuite et de retrouver sa liberté ! (Cette dernière péripétie, ce fut Nanatte qui la confia à Louis en ronronnant, mais il se garda bien d’en faire part aux adultes).

 

 

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