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22 janvier 2016

Ce premier matin de 2016, par Joseph Marciano

 

Les bonnes (ou mauvaises) résolutions.

2016….Une nouvelle année mais une année de plus donc moins d’années restant dans notre compte durée de vie….

Pourquoi se réjouir ?

Je n’ai jamais compris, pourquoi fêtons-nous les anniversaires ?

On fête et on se réjouit de notre marche vers notre propre finitude !

Mais aussi, pourquoi ai-je en permanence cette angoisse existentielle proustienne ?

Et cette arrogance permanente de vivre libre sans dieu ni maitre, aucun enfermement, ni religion ni traditions, ni anniversaire à célébrer ni fêtes des mères ou des pères, pas de gourous, aucune philosophie à adapter pour conduire sa vie.

Savoir que la vie représente une fraction de seconde, un battement d’aile de papillon, que le présent nous échappe, nous file entre les doigts et que c’est par le passé qu’on retrouve les images du présent.

Savoir qu’une fois mort, si on a adopté cette échelle de temps, quelques instants plus tard on disparait, même dans la tête de nos proches.

Savoir vraiment que dans un bref moment c’est fini, ne rien laisser… Partir en fumée, une urne sans domicile fixe. Jeter les cendres, c’est déjà ne plus être dupe.

Le hasard, le chaos, le désordre règleraient notre vie et tout le reste ne serait qu’un jeu de langage.

Famille, sentiments, amours, amitiés, relations : des breuvages existentiels pour s’enivrer et oublier son futur délabrement inexorable, son isolement, sa solitude et sa finitude.

Nos vies ne sont-elles pas bien trop brèves pour nous permettre d’exprimer jusqu’au bout ce que nos bégaiements s’évertuent  inlassablement à exprimer ?

Je pense à cette phrase de Nietzche résumant la vie d’un philosophe :

Il est né.

Il a travaillé.

Il est mort.

…Voilà en gros quel était mon état d’esprit à la fin de cette terrible année de 2015.

Mais ce matin de 2016 je m’éveille nimbé d’effluves de parfums provenant de la salle de bains, m’informant de la présence de ma Cathy, mon épouse depuis plus de trente ans, sous la douche.

Le bruit de l’eau, la douce chaleur de ma couette contribuent à un bien-être suave.

Je me sens heureux comme jamais et amoureux. Puisque nous sommes au moment des résolutions pour la nouvelle année je décide fermement que la vie est belle comme jamais et que j’aime trop ma Cathy pour sombrer dans ce spleen existentiel. Je vais trucider mon angoisse et cette phobie du temps qui passe.

Epicure l’avait formulé en ces termes :

Avant l’heure c’est encore la vie, inutile de s’angoisser, après l’heure c’est trop tard, on ne peut plus rien…

Se donner à l’amour d’autrui, c’est du même coup « échapper à vivre absent de soi-même »

Malheureusement on s’habitue au bonheur quotidien, mais les évènements tragiques de 2015 viennent me réveiller. Ce bonheur prend soudain une urgence à mes yeux, il domine mes turpitudes existentielles.

Vivre pleinement a pleines bouches, sagement accepter le temps qui passe car c’est le destin des humains dès leur naissance, la règle du jeu.

Il y avait en moi une tristesse sourde, des regrets à la pelle, et cela faisait un bruit de feuilles mortes qu’on balaie et des sanglots étouffés dans le noir.

Un peu de vie… avant beaucoup de mort.

Une nouvelle année, une nouvelle vie, une renaissance, je suis né en 2016 et je fais miennes ces phrases de Stefan Zweig «  Jamais la vie n’est plus étincelante et libre qu’à la lumière du couchant, jamais on n’aime plus sincèrement la vie qu’à l’ombre du renoncement. »

 

 

 

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Commentaires
V
J'aime. Très beau texte. Questions que l'on se pose tous. Belle réflexion sur la vie et l'amour, et la mort aussi.
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