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3 novembre 2019

Au profond du Grand Causse, par Michelle Jolly

Piste d'écriture: nous faire vivre un paysage, par les sons, le rythme, inventer des mots et des mondes... 

grands causses

C’était là-haut, une semaine à errer sur le Grand Causse, dans le Grand Causse ! Au plus profond de ses entrailles. Fin d’été, les arbres rougissent, la roche est sèche, brûle encore car le soleil tarde à partir ; le sentier est confortable pour les chèvres, un peu étroit pour nous, mais je résiste, ne dis rien car je veux avancer : j’ai le vertige……

         En-bas, tout en bas, comme des mouchoirs étendus, champs verts, dorés, et groupés en bouquets, des arbres dansent avec le vent ; je me souviens du vent, léger, frais, disparaissant, puis revenant au détour du chemin, cache-cache….

Je m’habituais à cette marche, fixant la nuque devant moi, brune, cheveux frisés et cette casquette bleue retournée. Nous arrivions à ce qui me sembla une grotte mais non, un passage souterrain………

….Au bout de quelques marches je m’arrêtai, silence mouillé, le groupe me dépassa, de l’eau gloupait, une sorte d’étendue d’eau, des formes d’entrailles  autour, m’enfermaient, odeurs de mousse, j’allais à mitons, maladroite, heurtant des stalagmites qui luisaient par endroit… Je me souviens j’avançais, aveugle, bruits étranglés, mes mains me guidant sur la paroi de pierres, marches interminables, soudain je retrouvai le jour !   

Je ne parlerai pas de la main qui me hissa, sueur contre sueur, m’entrainant dans le monde d’en haut. « Respire » disait la voix, mais comment respirer quand je me sentais colimacer ! Chemin étroit, l’en-bas me semblait comme un coussin où je pourrais atterrir !

J’étais désempoumonnée, l’armature perdait ses boulons, ventre vidé, coque sèche. Ah ! ramper comme un serpent collée au roc, adhérant si fort qu’Eole pourrait s’égosiller à loisir !

Dans quelle métamorphose avais-je perdu mes antennes-à-éviter-le-vertige ?   « Respire » disait la voix, la main serra plus fort, le sol s’élargit, une plate-forme, un refuge, le Causse pavanait, riant de moi. Au loin, l’horizon pastellait, devant, couleurs d’épices … je respirais…   au-dessus des ailes en attente….. J’étais bien ; on lâcha ma main.

 

 

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