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31 mai 2008

Les nouveaux marchés, par Alice Padovamo Michaelef

L E S   N O U V E A U X   M A R C H E S


Je n’aime pas, mais pas du tout ce que l’on appelle « les grandes surfaces », ces magasins qui vendent de tout, où chacun déambule entre les articles de plus en plus nombreux, de plus en plus tentants, de plus en plus chers… On ne regarde pas devant, on ne voit que les côtés… à droite, à gauche, ne sachant que choisir, retenus le plus souvent par la hausse des prix et la diminution de la qualité des denrées, des produits ménagers, des vêtements etc. … De plus, on est toujours pressés et l’on arrive devant les caisses dans un état de fatigue et d’énervement assez désagréables. J’en étais là, un après-midi, la caissière avait un ennui de machine, je patientais, une seule personne devant moi, et, hop, à la voiture ! Mais hélas !... la cliente qui me précédait se tourna vers moi, mit la main sur mon épaule et me dit : « C’est une plaisanterie ! Rendez-moi le portefeuille que j’avais dans ma poche droite, il contenait plus de huit cent euros ! »… Je la regardais, béate, me demandant si elle était dans son état normal ! Hélas, elle ne riait pas, prenant à témoin la caissière, elle éleva la voix : «  Dites, vous avez dû voir quelque chose non ?... Ce ne peut-être que cette bonne-femme ! »

La jeune fille, gênée, appela un responsable qui mit nos caddies de côté et nous conduisit toutes deux chez le directeur. Ce dernier nous accueillit pendant que mon antagoniste hurlait : « Vous allez voir ! mon mari est colonel !nous sommes connus et respectés ! ça ne va pas se passer comme ça !... » J’étais éberluée, le directeur fit taire enfin la « plaignante », il lui demanda de répéter ses accusations… Ensuite, il s’adressa à ma petite personne, (je dis petite car je me sentais recroquevillée, anéantie et passablement nerveuse) je ne pus que lui redire que je n’étais pour rien dans cette histoire.

Mon accusatrice déclara qu’elle allait téléphoner à son avocat et déposer une plainte, très déçue de constater que, venant d’être soigneusement fouillée par une employée, je n’avais pas le portefeuille ! J’avais beau lui dire qu’elle l’avait sans doute perdu, ou qu’on le lui avait volé ! Non ! Elle m’accusait moi, moi seule ! Je me sentais lasse, prête à crier ou à la gifler, et, sur les deux joues, hum ! Ses joues badigeonnées de crème qui commençait d’ailleurs à dégouliner sur son visage devenu hideux par la rage qui la possédait, et, je…à ce moment,un coup bref à la porte et l’irruption d’un vigile qui tenait par les cols de leurs tricots deux gamins de douze, treize ans… «  Monsieur le directeur, j’ai trouvé étranges ces gosses, ils courraient en regardant derrière eux, l’un des deux a jeté cela sous une bagnole…. ». Et le portefeuille fut sur le bureau !

Je faillis me trouver mal, en même temps je me jetai sur la ‘ harpie’, arrêtée dans mon élan par l’employée qui me fit asseoir. En me calmant, je vis la dite ‘harpie’ qui se mit à gémir : « Pardonnez-moi, je ne savais plus ce que je disais, pardon madame. » … Ah ! j’étais redevenue « madame » ! Ah non ! Je la menaçais de porter plainte, d’en parler à un journaliste de mes amis que je savais capable de pondre un article alléchant… Bien sûr elle me supplia de n’en rien faire et à mon air furieux, elle eut la certitude que j’irai jusque au bout, alors, elle me proposa, cette chère Colonelle de m’offrir les huit cent euros ! Comme je ne disais pas un mot, elle augmenta la somme de plus en plus.

Les personnes présentes se taisaient, les deux petits voleurs ne bronchaient pas. Je sentis monter en moi une envie de rire et je cherchais les paroles écrasantes, sifflantes, méchantes pour aplatir son orgueil, sa suffisance quand une petite puce souffla à mon oreille qu’une belle somme serait bienvenue, surtout en ce moment où mes fonds étaient en baisse. J’imaginais les petites folies qu’elle me permettrait : un voyage, des cadeaux pour les enfants, une voiture…

Le silence devenait lourd, je devais prendre une décision… Depuis un moment le portable de l’employée sonnait, elle ne le prenait pas, je me tournais vers elle quand je glissais brutalement… j’étais parterre, j’étais tombée ! Ce n’était pas le portable qui sonnait, non ! C’était mon réveil !!... adieu veau, vache, cochon, poulets…..

Alice Mai 2008

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