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17 juin 2008

Le héros sans sourire

le_h_ros_sans_sourire

La porte se referme derrière toi. Comment dois-tu réagir au juste ? Colère, soulagement, désarroi ? Tu ne sais pas – non, tu ne sais pas encore. Pourtant, tu sais que tu dois réagir, d'une manière ou d'autre.

Elle t'a demandé pourquoi tu portes un masque sans sourire. Les héros ont toujours un sourire ultra-bright a-t-elle ajouté.

Tu n'as pas compris de prime abord le sens de sa question. Tu portes un masque sur les yeux pour voiler qui tu es. Elle a vu à travers ce masque l'autre masque. Maintenant tu réalises la portée de sa question.

Tu es là, seul dans ta chambre, debout dans le noir. Tu ne bouges pas pour l'instant. Ton cœur cogne dans ta poitrine. Ton esprit repart vers elle. Tu es là pour elle, pour l'aider, la sauver. C'est ton rôle. C'est ce que tu as fait. Elle, au lieu de te récompenser comme il se doit, elle te déstabilise.

Geste par geste, tu reviens dans ta vie. Tu ranges ton arc et tes flèches. Tu poses ton couvre-chef de feutre vert, assorti d'une plume de phénix, ton habit vert de héros. Tu plonges dans ton jean. Tu enfiles un tee-shirt. Tu allumes ton ordinateur. Tu te connectes pour voir ce qui se passe dans la communauté myspacienne. Une drôle d'invitation est arrivée sur laquelle il est simplement noté « Ouistiti ».

Décidément c'est le jour ! Néanmoins, tu l'acceptes. Tu changes ton avatar sur ta page d'accueil. Tu mets une nouvelle photo de toi, plus précisément la moitié de toi, celle que tu veux bien montrer, celle sans sourire. L'autre moitié, celle où tu souris, tu la réserves à celles et ceux qui viennent jusqu'à toi pour toi. Tu en prends conscience à l'instant, et tu réalises ce que cela signifie. Tu te déconnectes. Tu éteins ton ordinateur. Tu te retrouves dans le noir. Ton cœur bat normalement dans ta poitrine.

Maintenant, tu sais comment tu dois réagir. Pour la première fois de ta vie, tu as envie de laisser tomber le masque face à celle qui a autant de printemps que toi. Tu enfermes ton habit de héros dans un carton que tu places au fond de ton placard. Tu n'en as plus besoin. Un sourire sur les lèvres, tu sors de ta chambre. Tu pars la rejoindre.

Merci Kevin pour l'autorisation de publier ton dessin.

Les photos et les création de  Kevin Amiel sont à voir sur son site  http://amielkevin.free.fr/

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