Il parla peu, sourit peu et pourtant…, par Christine Jouhaud Mille
Immobilisée par sa cheville plâtrée, Martine lisait allongée
dans le transat du jardin de Pierre-Loup son nouvel ami qui l’hébergeait le
temps de sa convalescence.
Leur rencontre avait débuté par ce sourire embarrassé qu’il
lui avait adressé ayant maladroitement lancé dans ses pieds le skateboard. Aux
cris qu’elle poussa dans l’instant ou elle voulut se relever, le skateur
réalisa l’accident involontaire qu’il venait d’engendrer et aussitôt des
badauds curieux s’approchèrent.
Comme elle restait assise par terre, il en fit autant, prit
dans sa poche son mobile et composa le numéro des pompiers prés-enregistré dans
la liste des contacts.
Durant l’attente de l’arrivée des secours, il parla peu,
sourit peu et pourtant elle était sous le charme de ses yeux marrons aux éclats
émeraude qui la sondaient.
Volontairement elle appuya un peu plus ses lamentations pour
le culpabiliser en remarquant qu’il n’avait pas d’alliance (même si cela
n’était pas vraiment un indice), puis elle se dit que si cet apollon était
libre et selon le déroulement des évènements, elle n’aurait aucun désir de
l’éconduire…