Enfin le vieux jardin! par Marie-France Champeau
Ce poème lors d'une
séance de "poésie associative", qui réunissait Danielle Chauvin, Danièle
Geroda, Marie-France Champeau, Carole Menahem-Lilin. Autour des mêmes
mots, chacune était invitée à associer des images, des sons, des
sensations... ces associations étaient mises en commun pour créer ces
poèmes.
Enfin le vieux jardin !
Elle court dans les herbes folles.
Yeux fermés, elle se délecte de l'odeur sûre de foin coupé, odeur d'enfance retrouvée.
Sa chevelure tout éployée est caresse pour les coquelicots. Par plus d'éclat encore ils répondent à ses effleurements et le jardin explose sous la danse des rouges et des cuivrés.
Elle avance légère, s'abreuvant de silence. A ses pas répondent battements d'ailes, froissements secrets et bruissements furtifs. Alors, elle s'arrête et sourit.
La vie palpite là aussi sous l'amère écorce qu'elle enserre, noyant le tronc moussu sous une avalanche d'or sombre. Soudain, elle se jette au pied du vieux pommier. Eventail gigantesque, sa chevelure enveloppe les racines noueuses.
Elle prie sa vieille terre.
Peu à peu l'ombre l'entoure et la protège. Les feux s’éteignent, les odeurs de vanille, de miel, de sueur, d'herbe foulée s'exhalent lentement, sourdement.
Parfums d'enfance ressuscités, ils l'encerclent et se glissent en elle.
La voici herbe mouvante.
La voici arbre bienveillant.
La voici jardin à la chevelure source.
MF 05/2010