Doux foyer, par Marie France Champeau
Doux foyer...
Portes qui claquent .
Rouge , en sueur , débraillé , il
s'engouffre dans la cuisine .
Surprise , haletante , elle
s'immobilise et baisse les yeux .
La tirant par les cheveux , il la traîne jusqu' au néon fixé au mur à un mètre cinquante du sol ...Un geste sec et il l'allume.
« - je te garantis que tu vas
parler ! Oui tu vas parler ! Tu vas avouer.
Allons parle ! Avec qui étais-tu
cet après-midi ? »
Silence tremblant . Elle ferme les
yeux .
Le néon lui fait mal . Il le sait
bien pourtant ...
Elle se sent perdue
.
« - Tu vas parler ! Parle ! Parle
! »
Et de la secouer , de la secouer,
comme une poupée de chiffon.Puis ses mains quittent les épaules et montent ,
montent jusqu'au petit cou fragile . Il commence à serrer .
« - Mais qu'est-ce qui te prend
? gémit-elle faiblement .
- On t'a vue , on t'a vue,
plusieurs fois , toujours l'après-midi à ...
- Dis , tu m'aimes encore ? »
murmure-t-elle dans un souffle .
Hagard , il suspend son geste .
« - ça , je ne peux pas te dire ! »lui lance-t-il en même temps qu'il la projette contre la porte dont la vitre vole en éclats .
« - Je t'en prie , pas devant eux , pas devant les voisins ... » supplie-t-elle en se tenant la tête . « non!... »
Lentement des gouttes de sang étoilent le carrelage .
« C'est ta faute ! Toujours ta faute ! Pour qui tu te prends ?Allez maintenant , nettoie ! De toute façon , je sais déjà . Tu entends : je sais , je sais TOUT ! »
Une gifle claque .
Puis une autre plus forte
.
Elle glisse , elle glisse
doucement dans le noir et s'effondre sur le sol .
Marie France Champeau, juin 2010