Concentration, inspiration, par Régine Vivien

Consigne: lisez, et devinez!

Concentration, inspiration

Les filles, mais oui que des filles étaient toutes installées autour des tables. L’animatrice leur faisait face. Elle leur parlait, expliquait son sujet. Les cerveaux moulinaient. Comment, sans adjectif, un texte sans adjectif !!! Les yeux interrogeaient. Les oreilles envoyaient des signaux au cerveau. Oui, elle a bien dit –sans adjectif-.

Les cahiers, les feuilles, l’ordinateur patientaient. Les stylos, eux, désespéraient, posés là au début de la séance.

L’animatrice distribua des livres, des cartes postales comme support à l’exercice à rédiger. Personnellement, mais oui, j’étais un membre du groupe, cela ne m’inspira pas.

Soudain une main agrippa le stylo. La tête se baissa et je vis des signes qui s’alignaient au début d’une feuille. Je sentis à côté de moi le tapotement des doigts sur le clavier de l’ordinateur.

Un paysage, rien ne me venait. Je n’avais devant moi que cette pièce, ces tables, ces yeux, ces lunettes, ces têtes qui se penchaient, ces mains qui s’activaient accrochant le bic, le poussant vaillamment sur le papier.

Au dehors, un moteur ronronnait, un enfant pépiait. La lumière qui pendait des ampoules éclairait notre inspiration. La chaleur de la journée était restée dehors.

Une main comprimait la tête d’une participante, peut-être pour l’aider, l’autre opérait un va et vient sur le cahier qui se remplissait.

De temps en temps les yeux se relevaient, l’esprit cherchant, le cerveau tournant dans le vide. Et puis ça accrochait, voilà, c’était ça. Et la main se remettait en mouvement, l’encre s’étalait, les idées venaient, la pensée s’articulait, le texte se précisait.

L’heure s’écoula au milieu de cette concentration.

C’était mon atelier d’écriture.

Régine Vivien Le 29 juin 2010