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14 octobre 2018

Taha et les profondeurs, par Michelle Jolly

ailerons

Voici l'un des textes né de la piste d'écriture "le suspense", une suite de l'extrait de Laurent Mauvignier (Autour du monde).

Sous l’œil attendri de Yasmine, sa fiancée, Taha s’était laissé tomber dans l’eau, sans trop réfléchir, malgré son cœur qui battait fort… Ses mains s’accrochaient encore au bord du bateau ; Yasmine se pencha : « ça va ?» dit -elle, il fit un signe de la tête, et pour ne pas lui montrer sa peur, ajusta son masque, son tuba, et d’un coup de palme s’éloigna…. Il nageait, machinalement ; au bout d’un moment, l’image en-dessous se précisa, clarté du fond marin, loin, si loin, subitement ses jambes se paralysèrent, son ventre se crispa, sa respiration devint haletante, comme là-haut dans le sentier de chèvres sur le Méjean, le vide en-dessous, cette attirance soudaine qui lui tordait le ventre…  Pour chasser ce vertige il leva la tête, et nagea plus loin. Le soleil l’éblouit un instant, l’eau était fraiche, agréable, cela le remit d’aplomb, il crut apercevoir, au-dessus des vagues, les nageoires fines de jeunes dauphins, jusqu’au moment où, se retournant, il constata que le bateau avait disparu !

Pourquoi ? comment avaient-ils pu le laisser seul ? et Yasmine ? n’avait-elle pas protesté ? Il tournait mille idées dans sa tête tout en retirant masque et tuba, il regardait tout autour de lui, où était le bateau ? Ils avaient parlé d’une ile, mais avaient-ils deviné sa peur ? Lui le champion des stades, le valeureux athlète ? Cachant à tous cette angoisse un peu honteuse ! Comment pouvaient-ils se douter ? Plus il se persuadait de leur ignorance, plus sa phobie le paniquait. Il agitait ses jambes, mécaniquement, pour ne pas couler. Il resta ainsi, essayant de calmer son corps tendu…    

Cette ile, toute proche avait dit Zach, leur coach, mais où ? Il se souvint qu’il avait laissé ses lunettes, il voyait flou, comme autrefois quand, pour épater les filles à la piscine, il se lançait du grand plongeoir ! Mes jambes tremblaient, comme maintenant, se dit-il. La mer ne lui donnait aucun indice, aucun repère, aucune piste, elle se moquait de tout cela ; il regarda le ciel, se mit à douter, et il pensa à Yasemine, pourquoi avait-elle accepté de le laisser là ? Dans cette eau maudite, ne pas imaginer une crampe, un requin ? L’aimait-elle vraiment ? Il chassa vite ce doute et se remit à nager.

Des cormorans tournant au loin, au-dessus de la mer, il décida de se diriger vers eux, il peinait, avait parfois l’impression de ne pas avancer, de reculer, j’arriverai jamais…….

……Il s’était endormi sur le sable. C’est Yunus qui se pencha le premier, Taha le reconnut avec son maillot rouge à fleurs, son ventre de bouddha qui s’y trouvait mal à l’aise ! « Alors, dit le jeune homme en riant, ça s’est bien passé ? On t’espérait tous sur l’ile… »       

Puis Zach arriva, criant : « Le bateau est prêt, il faut repartir ! »

C’est sur le bateau que l’on attendit longtemps Kerim et Yasemine. Ils arrivèrent enfin, le jour tombait, et Taha fatigué ne se souvenait plus s’il avait fait un mauvais rêve ; mais il était sur d’une chose, tous les deux ne se quittaient pas des yeux et avaient l’air heureux…

Sous l’œil attendri de Yasmine, sa fiancée, Taha s’était laissé tomber dans l’eau, sans trop réfléchir, malgré son cœur qui battait fort… Ses mains s’accrochaient encore au bord du bateau ; Yasmine se pencha : « ça va ?» dit -elle, il fit un signe de la tête, et pour ne pas lui montrer sa peur, ajusta son masque, son tuba, et d’un coup de palme s’éloigna…. Il nageait, machinalement ; au bout d’un moment, l’image en-dessous se précisa, clarté du fond marin, loin, si loin, subitement ses jambes se paralysèrent, son ventre se crispa, sa respiration devint haletante, comme là-haut dans le sentier de chèvres sur le Méjean, le vide en-dessous, cette attirance soudaine qui lui tordait le ventre…  Pour chasser ce vertige il leva la tête, et nagea plus loin. Le soleil l’éblouit un instant, l’eau était fraiche, agréable, cela le remit d’aplomb, il crut apercevoir, au-dessus des vagues, les nageoires fines de jeunes dauphins, jusqu’au moment où, se retournant, il constata que le bateau avait disparu !

Pourquoi ? comment avaient-ils pu le laisser seul ? et Yasmine ? n’avait-elle pas protesté ? Il tournait mille idées dans sa tête tout en retirant masque et tuba, il regardait tout autour de lui, où était le bateau ? Ils avaient parlé d’une ile, mais avaient-ils deviné sa peur ? Lui le champion des stades, le valeureux athlète ? Cachant à tous cette angoisse un peu honteuse ! Comment pouvaient-ils se douter ? Plus il se persuadait de leur ignorance, plus sa phobie le paniquait. Il agitait ses jambes, mécaniquement, pour ne pas couler. Il resta ainsi, essayant de calmer son corps tendu…    

Cette ile, toute proche avait dit Zach, leur coach, mais où ? Il se souvint qu’il avait laissé ses lunettes, il voyait flou, comme autrefois quand, pour épater les filles à la piscine, il se lançait du grand plongeoir ! Mes jambes tremblaient, comme maintenant, se dit-il. La mer ne lui donnait aucun indice, aucun repère, aucune piste, elle se moquait de tout cela ; il regarda le ciel, se mit à douter, et il pensa à Yasemine, pourquoi avait-elle accepté de le laisser là ? Dans cette eau maudite, ne pas imaginer une crampe, un requin ? L’aimait-elle vraiment ? Il chassa vite ce doute et se remit à nager.

Des cormorans tournant au loin, au-dessus de la mer, il décida de se diriger vers eux, il peinait, avait parfois l’impression de ne pas avancer, de reculer, j’arriverai jamais…….

……Il s’était endormi sur le sable. C’est Yunus qui se pencha le premier, Taha le reconnut avec son maillot rouge à fleurs, son ventre de bouddha qui s’y trouvait mal à l’aise ! « Alors, dit le jeune homme en riant, ça s’est bien passé ? On t’espérait tous sur l’ile… »       

Puis Zach arriva, criant : « Le bateau est prêt, il faut repartir ! »

C’est sur le bateau que l’on attendit longtemps Kerim et Yasemine. Ils arrivèrent enfin, le jour tombait, et Taha fatigué ne se souvenait plus s’il avait fait un mauvais rêve ; mais il était sur d’une chose, tous les deux ne se quittaient pas des yeux et avaient l’air heureux…

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