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16 février 2021

Loufoque et autres mots que j'aime, par Roselyne Crohin

A la manière d'Anne Sylvestre, donner de la personnalité aux mots, par leur aura sonore, leur couleur, en les réinventant, en les personnalisant...

roselyne cedric_villani

Loufoque

Avec son pantalon à carreaux, sa chemise écarlate et ses binocles de travers, on ne le prend pas au sérieux. C'est pourtant une grosse tête question calculs mathématiques. Mais dans la vie il lui arrive toujours plein de bricoles. Il perd ses clés ou il claque son fric, victime d'une grosse arnaque. On plaint ce pauvre tête-en-l'air, toujours à côté de ses pompes.

Mais l'autre jour à la télé, c'est lui qui tenait le haut du pavé. Pour ses travaux en mécanique quantique il avait reçu la médaille Field. Médaille qu'il a fait tomber par mégarde entre les grilles du caniveau.

 (Photo de Cedric Villani)

Paletot (A ma grand-mère maraîchère, qui en portait un au moindre coup de froid)

C'est un vieux vêtement usé, ravaudé, rapiécé. Par sa doublure éclatée on voit sortir le rembourrage. Ses boutons sont tout dépareillés et son col est élimé. Quant à sa couleur, elle n'a pas de nom. C'est la couleur du temps, du temps mauvais, car on l'enfile pour braver les embruns, quand on sort au jardin cueillir une salade ou un chou    pour le souper. Il n'entre jamais à la maison. On l'accroche dans la véranda, où il reste au froid et c'est dommage car finalement on aimerait bien le trouver un peu plus douillet pour braver les frimas de janvier.

 

Rebelle

Porte la tête haute, a les joues rosies, la poitrine dégagée, une démarche décidée et n'a pas froid aux yeux. A la voix claire et forte. Sait où elle va. A des convictions, ne s'en laisse pas conter et son énergie peut déplacer des montagnes.

Est révoltée et belle à la fois.

 

Topinambour

Il avait naguère mauvaise réputation mais il a retrouvé sa fierté dans les marchés bobos. Et ce n'est que justice, car bien qu'un peu tordu et tout mal fichu, une fois cuit, il a une saveur exquise et nous fond dans la bouche. Dans la cuisine son odeur est un peu écœurante, mais elle a pour moi un parfum de petite madeleine qui me rappelle les jeudis de mon enfance, où après être allé chercher le pain et le lait, on avait à éplucher ces petits légumes encore tout chauds.

Où est-on allé chercher son joli nom qui sonne comme une ritournelle enfantine. Avec son copain le rutabaga, ils sont devenus les vedettes des paniers bio que l'on vend aux Arceaux.

 

Casserole

Le mot et l'objet sont sonores pareillement. En disant casserole, on croit entendre le son d'une cuiller qui tape sur une casserole. C'est pour ça qu'on les appelle ainsi ou à l'inverse, c'est parce qu’on les appelle « casserole » qu'on a eu l'idée de les frapper pour manifester son mécontentement... ou se manifester tout simplement, se faire entendre. Comme en Argentine contre le gouvernement ou comme chez nous au printemps pour applaudir bien fort tous les soignants.

Mais ce joli mot a parfois mauvaise réputation. Mieux vaut pour un artiste ne pas chanter comme une casserole. Ni pour un homme politique avoir des casseroles... sauf bien sûr si on est un grand chef étoilé !

 

A vau l'eau

Tout va à vau l'eau, ça part à la dérive et sur son petit radeau, on essaie de se raccrocher aux branches pour vaille que vaille éviter le bouillon. Que nous dit ce « vau » venu de l'ancien français et qui a traversé les siècles malgré le naufrage qui lui était promis. Il a su flotter comme un bouchon, culbuté, bousculé, mais poursuivant sa course sans jamais sombrer. Alors... quand tout va à vau l'eau, il suffit de faire la planche et de laisser couler.

 

 

  

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