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13 mai 2022

Une question de code, par Christiane Koberich

 Inspiré d'un extrait des Caprices d'un astre, comment décrypter le mystère? 

 

« On...on...n’a pas les codes, bégaya Tanguy, comme chaque fois qu’il rencontrait une difficulté.

- Non, on n’a pas les codes », répéta Bruno avec patience mais légèrement agacé tout de même par cette habitude chez son stagiaire de souligner des évidences. 

Les deux hommes se tenaient devant l’ ordinateur qu’une amie leur avait confié, leur demandant avec insistance d’ouvrir un document auquel elle-même ne pouvait accéder, n’ayant pas les codes, mais auquel elle devait absolument accéder car sa copine Emelyne, qui lui avait confié l’ordinateur avant de partir pour un long voyage dans le Pacifique, avait absolument besoin de relire le contenu de ce document, une lettre secrète dont elle n’avait pas fait de sauvegarde ni de copie papier, de peur que quelqu’un ne découvre le mystère de ce texte.

Bruno avait encore dans les oreilles la voix aiguë de Joséphine lui expliquant l’importance pour sa grande amie Emelyne et donc pour elle-même, de cette lettre secrète qui ne devait en aucun cas être divulguée. Et c’était d’ailleurs pour cela qu’Emelyne avait codé ce document (ce que d’habitude elle ne faisait jamais) ; mais hélas, l’esprit trop occupé et préoccupé par les préparatifs de son grand voyage, elle s’était empressée d’oublier le code.

Encore une histoire signée Joséphine, pensa Bruno. Quand donc sa cousine cesserait-elle de se trouver mêlée à des embrouilles de ce genre ?!

« I...i...il faudrait un...un expert en informatique, déclara Tanguy.

 - Oui, répondit Bruno. Un expert. Mais nous sommes nous-mêmes ce qu’on peut appeler des experts en informatique. Et nous butons là devant une sérieuse difficulté : il nous faudra du temps, peut-être beaucoup de temps, pour ouvrir ce fichier fort bien gardé. Plus de temps que s’il s’agissait d’ouvrir un simple cadenas. Et du temps je n’en ai pas à consacrer à cette tâche, alors que nous sommes sans cesse sollicités par des clients qu’il nous faut dépanner en urgence. »

Tanguy se tut un instant, puis : 

«  Mais mo...mo...moi je pourrai chercher ce code.

- Toi tu pourrais, oui, mais sur ton temps libre. Je ne te paie pas pour rendre service à Emelyne ni pour passer ton temps au téléphone avec Joséphine, cette bavarde de première qui met des dizaines de parenthèses quand elle se lance dans un discours. »

Tanguy afficha un sourire satisfait. Il cherchait d’ailleurs plutôt à faire plaisir à Joséphine qu’à Emelyne qu’il n’avait vue que deux ou trois fois. Il se mit mentalement à organiser ses futures journées de travail avec tous les moments qu’il consacrerait à trouver le code secret : se contenter d’un rapide sandwich à midi, rester plus longtemps le soir et même une partie de la nuit s’il le fallait, et dégager ainsi du temps… En quelques jours, il en était certain, il résoudrait le mystère du code et l’offrirait triomphalement à Joséphine. Peut-être le remarquerait-elle enfin et apprécierait-elle ses qualités.

Bruno, qui n’était pas dupe, comprit pourquoi son jeune stagiaire voulait tant travailler pour Joséphine. Il avait déjà remarqué comme Tanguy devenait rouge sitôt que la jeune fille rentrait dans l’atelier, comme il écarquillait les yeux comme s’il ne l’avait jamais vue ou comme si apparaissait une princesse…

Le jeune homme se mit à cette recherche avec autant de sérieux que s’il devait découvrir un nouveau continent. Mais au bout de deux jours, alors qu’il n’avait toujours pas réussi à déchiffrer le fameux code, Bruno reçut un mel de Joséphine, qui transférait un message d’Emelyne : « Inutile de chercher le code, un copain du voyage l’a retrouvé, c’est lui qui m’avait aidée à l’installer. Merci quand même, bises c’est magnifique ici je te raconterai. »

Au moment d’expédier le mel à Tanguy Bruno hésita. Que faire pour lui éviter une déception, alors qu’il avait mis tant d’énergie dans sa recherche, tant d’espoir aussi, sans nul doute ? Mais Bruno ne vit pas comment il pouvait taire la réalité… Tanguy devrait imaginer d’autres moyens pour plaire à Joséphine. Alors, d’une main décidée, il se lança : « transférer ; clic ; envoi ».

http://daniel-hem.eklablog.net/

 

Christiane Koberich

 

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