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23 mai 2008

Un précieux paquet, par Laurence Bourdon

Un précieux paquet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans son sac, des paquets de cigarettes ; pas moins de deux, au cas où elle viendrait à en manquer : Des Royal Sylver, histoire de se donner bonne conscience, les plus légères du marché : faible taux de goudron, de nicotine. Bref, il y avait tellement peu d’éléments nocifs qu’elle aurait pu vous en offrir comme garantie de bonne santé.

 

 

 

Elle tenait le paquet bien en main pour l’ouvrir et, avec un certaine délicatesse cherchait cette menue bande de cellophane qui permettait de désincarcérer l’objet de sa convoitise. Délicatesse un peu tendue lorsque la bande se faisait rétive ou discrète. Là, on sentait poindre l’énervement et l’impatience qu’elle aurait bien voulu cacher histoire de nous faire croire qu’elle maîtrisait la situation et que ce « léger » contre temps ne l’irritait pas outre mesure.. Elle y regardait de plus près puis, faute de voir où la languette démarrait, elle se léchait le pouce et suivait une ligne imaginaire : Une fois dans un sens, une fois dans l’autre.

 

 

 

Il lui aurait été beaucoup plus facile de chausser ses lunettes mais c’eût été avouer sa dépendance car le temps commençait à compter. Elle n’en n’était plus ou point où elle aurait fumé sa cigarette en rejetant avec volupté la fumée en volutes bleutées, farfadets aériens éphémères. Non, cette cigarette, elle la voulait, il lui fallait, cependant, elle avait son quant à soi.

 

 

 

Cet écueil passé, elle n’avait plus qu’à ôter la cellophane du paquet, puis la feuille argentée qui restait comme seul rempart à l’objet de son désir. Elle se trouvait toujours plus ou moins empotée avec ses papiers dont elle ne voulait pas encombrer le cendrier (ils allait s’enflammer à la première cendre venue) et se résolvait le plus souvent à les fourguer dans son sac (on peut être grand fumeur et écolo tout de même !)

 

 

 

Elle n’avait plus qu’à tapoter le fond du paquet posé sur sa main un peu inclinée pour que se désigne la première qu’elle allait griller. Elle aimait l’idée que certaines cigarettes aient du plaisir à se consumer comme on se consume lorsque l’on fait l’amour n’avait jamais osé en parler à ses amies de peur de passer pour une douce dingue.

 

 

 

L’élue était alors délicatement prise entre le pouce et l’index, puis passait entre l’index et le majeur avant d’être insérée entre les lèvres. S’ensuivait alors le rite du briquet. Elle disposait d’un Dupont plat du plus bel effet, mais ce dernier ne fonctionnait qu’une fois sur deux, elle se rabattait alors sur son bon vieux Bic, peu chic, certes, mais ô combien plus fiable.

 

 

 

Enfin : l’inspiration profonde, la première, la meilleure parce qu’attendue, les autres bouffées n’avaient pas la même saveur, juste un goût de « revenez-y », mais qui prolongeait tout de même, f^^ut-il minimisé le plaisir de fumer.

 

 

 

Et puis, il y avait des pauses qu’on pouvait se donner avec les cigarettes. Elle appréciait particulièrement imiter celles de Gretta Garbo dont elle avait vu de vieux film comme si cela lui était naturel alors que la geste avait été étudié longtemps devant sa coiffeuse

 

 

 

 

 

 

-C’était le bon vieux temps, dit la centenaire, du temps où fumer était encore autorisé….

 

 

 

 

 

 

 

Laurence Bourdon

Janvier 2008

 

 

 

 

 

 

 

 

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