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4 juillet 2008

Angélina et l'oiseau bleu

                                                                           

Six cartes en mains : une princesse, une sorçière, une grotte, une ruine, un anneau et  « idiot ».

            Angelina était une princesse blonde et aveugle qui habitait dans un palais souterrain. L’entrée en était une grotte sombre et invisible car masquée par d’épais buissons.

Le prince Atlas, ophtalmologiste de renom et ivrogne invétéré avait entendu parler de la princesse qu’on disait fabuleusement riche. Comme il avait bu sa fortune, il décida d’épouser la jeune fille et de l’opérer, peut-être, après !

Pour entrer dans la grotte, il lui fallait l’anneau magique détenu par Tonnerre-le-Mécréant, bandit cruel et ennemi juré de sa famille.

Atlas se déguisa en paysan pauvre et apporta toutes sortes de pommes à Tonnerre qui en était friand. Ce fut un jeu d’enfant que de voler la bague. Le prince ophtalmologiste d’avant-garde s’était greffé un troisième œil et celui-ci voyait à travers tout !

Après s’être emparé du bijou, mais poursuivi par le troisième fils de Tonnerre, celui qu’on surnommait «l’idiot à la hache» parce qu’il ne sortait jamais sans cet outil, il lui échappa de justesse, hors d’haleine, en pénétrant dans une ruine traversée par un immense arbre parapluie. C’était la demeure d’Alzeimher, horrible sorçière, deux ou trois fois centenaire ou davantage ? (Elle ne savait plus très bien). Le prince ne reconnut pas la vieille, dont les cheveux filasses dépassaient du chapeau pointu en équilibre sur sa tête. Il lui demanda de cacher le coffret et lui tendit le fameux anneau qui brillait de mille feux.

Alzeimher fabriquait un breuvage dans un chaudron. La mixture bouillonnait. La vieille s’apprêtait à y laisser choir une grenouille aphrodisiaque mais, se trompant de main, elle y jeta l’anneau.

Le prince sursauta. Maintenant, il fixait, incrédule, le chaudron où l’anneau tourbillonnait, tourbillonait.

Une araignée, indifférente au désarroi du prince, tentait de goûter à la «soupe» mais la sorçière, furieuse, l’écartait avec le coude. Atlas réclamait son anneau à grands cris. La vieille tantôt se bouchait les oreilles en récitant des trucs incompréhensibles et inéfficaces, tantôt dansait la gigue en relevant haut sa jupe découvrant des mollets grèles et poilus ! Ecoeuré, Atlas plongea une grande spatule dans le chaudron et ramena l’anneau. Mais, aussitôt hors du bouillon, l’anneau devint oiseau et s’envola. En essayant de l’attraper au vol, Atlas bascula dans le chaudron. Et c’est en connaisseur qu’il y bu, à longues goulées jubilatoires, un excellent whisky d’au moins cent ans d’ âge !

L’oiseau bleu vola jusqu’au palais souterrain où vivait Angelina. Il s’installa sur son épaule gauche (celle côté cœur) et lui gazouilla joliment à l’oreille :

- Angelina, ma belle Angélina, désormais je serai tes yeux. Je jure de te conduire si bien que personne n’imaginera que tu n’y vois pas. Et, quand le temps sera venu, je te conduirai dans ce pays où tu recouvreras la vue. 

Angelina sourit. Elle l’attendait depuis si longtemps. Il était enfin venu.

Et Atlas, me direz-vous ?  Il est toujours dans le chaudron, où il macère sous le regard dubitatif d’Halzeimher qui trouve une drôle de tête à cette grenouille… ! 

                                                 Marcelle. Décembre. 07                                                                                                                                                                                        

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