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19 novembre 2008

Prisonnière, par Christiane

« Laurence était maintenant assise à l’arrière de la voiture. Ses poignets, étroitement emprisonnés dans une corde rêche lui infligeaient une douleur atroce. Elle avait peur, très peur…Et ne comprenait pas…

Que s’était-il passé ? Elle n’avait rien vu, rien entendu. Simplement, soudain, elle s’était sentie saisie brusquement, jetée sur la banquette, et ligotée. Puis on lui avait bandé les yeux. Enlevée, elle ? Mais pourquoi ? Que lui voulaient-ils ? Ils ? Elles ? Non, plutôt ils, certainement…Elle ne pouvait imaginer tant de force et de brutalité chez des femmes. Ils devaient être deux, là, à l’avant. Muets, terriblement muets, roulant à vive allure.

Laurence gardait le silence, terrifiée. Se faire oublier. Ne pas provoquer encore une fois leur colère. La gifle reçue un moment auparavant, en réponse à ses cris et ses questions, lui avait ôté toute velléité de s’adresser à eux.

Aux bruits extérieurs, elle eut l’impression qu’ils se trouvaient sur une autoroute…Elle se concentra sur le trajet. Comprendre où on la menait. Combien de temps s’était écoulé ? Ils longeaient une voie de chemin de fer. Un train venait de passer. Elle sentait maintenant les cahots de la chaussée. Ils avaient ralenti. Ils devaient se trouver sur une petite route aux virages nombreux. Elle perdait l’équilibre, tombant tantôt à droite, tantôt à gauche.

Où l’emmenaient-ils ? Deviner l’itinéraire, chercher à savoir, l’aidait à se sentir vivante, à conserver l’espoir de revenir bientôt chez elle. Elle pensa au Petit Poucet…Il lui fallait retenir les moindres détails, pour plus tard, pour l’enquête. Parce qu’on la retrouverait. Jean avait déjà dû s’inquiéter de son absence, alerter la police. Elle s’aperçut qu’elle avait perdu sa montre. Peut-être devant chez elle, pendant l’enlèvement ?

            Le parfum caractéristique des pins envahit l’air, lui parvenant par la fenêtre ouverte, devant. Il avait sans doute plu. Des odeurs de sol mouillé, de moisi, de champignon, se mêlaient à celles de transpiration, de crasse, qui se dégageaient du bandeau sur ses yeux.

Soudain la voiture freina, ralentit, s’arrêta, redémarra. Un feu rouge ? Elle eut l’impression qu’ils traversaient un village. Une mobylette passa en vrombissant. Des voix d’enfants hurlaient, comme dans une cour de récréation…Encore quelques kilomètres, puis l’auto stoppa. L’homme à côté du conducteur descendit, claqua la portière. Elle perçut ses pas sur le gravier. Il ouvrit un portail qui se mit à grincer. La voiture roula encore quelques mètres. On la fit sortir en l’attrapant par le bras, on la poussa. Elle eut l’impression de marcher sur un terrain moelleux. Du gazon ? Etait-elle dans un jardin ? Elle reconnut les arômes suaves des roses et du jasmin. Elle pensa à sa haie de rosiers, et un gros sanglot monta en elle.

Dans la maison elle fut saisie par des effluves désagréables d’huile brûlée et de litière de chat qui lui provoquèrent un haut le cœur. On la guidait dans un couloir. Une main râpeuse serrait son bras. On la jeta dans une pièce. Elle avait mal. Etait-ce sa cellule ?

Enfin, elle se retrouva seule. Ils avaient un peu desserré les liens sur ses poignets, diminuant ainsi sa douleur, mais pas le bandeau sur les yeux. La lumière lui manquait. Tâtonnant, elle devina le mur, le matelas par terre, une couverture de coton au tissage grossier…Elle s’allongea et put enfin laisser glisser ses larmes sans craindre la fureur de ses ravisseurs. »

            Françoise relut son texte et satisfaite arrêta son ordinateur. La rédaction de sa prochaine publication, Aux mains des terroristes, avançait bien.

Christiane Koberich

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