De la guimauve, St Valentin oblige

Ah s’il avait voulu me mettre en pétard, il ne s’y serait pas pris autrement ! Quel idée d’offrir comme cadeau de St valentin un séjour sac à dos dans le désert marocain. Il le savait pourtant que j’aimais mon petite confort. Moi vivante, jamais de camping ni de randonnées. Moi qui rêvais de palmiers, de hamac, d’eau transparente et de bronzette, j’étais ravie.

L’an dernier, il m’avait offert des sous-vêtements coquins, enfin coquin de pouffe plutôt ! Bref, j’avais un soi-disant amoureux qui m’offrait des cadeaux surtout pour se faire plaisir. Je n’avais rien dit l’année dernière, c’était notre 1^er St Valentin ensemble. Mais cette fois-ci, je n’étais pas prête à laisser passer. Je lui avais balancé ses billets d’avion à travers la gueule. J’avais pris mes cliques et mes claques, je l’avais planté au resto et j’étais partie furax.

J’étais rentrée à pied loin de me calmer ; cette petite balade forcée m’avait encore plus mise en pétard parce que j’avais eu le long de faire la liste de tout ce que j’avais à lui reprocher : de la chose plus futile à la plus exaspérante.

Les pieds douleurs, frigorifiée, la tête à l’envers, le cœur en miette, je me retrouvais seule dans mon appartement. Je pris une douche chaude pour me réchauffer et j’enfilais mon pyjama en pilou-pilou. J’hésitais pour poursuivre cette soirée entre me saouler à la vodka ou flinguer mon régime à coup de cuillère de Nutella. Mais pourquoi choisir ? Je sortis la bouteille et le pot. Nous étions le soir de la St Valentin, c’était le désastre.

La sonnette de la porte d’entrée retentit. Je n’étais pas d’humeur à discuter avec mon futur ex-chéri. Je n’avais pas envie de lui ouvrir parce que je savais qu’en le faisant, je signerais la fin de notre histoire. Cette soirée m’avait ouvert les yeux. Je n’avais pas voulu me l’avouer avant mais nous n’étions pas faits pour être ensemble. Nous n’avions rien en commun. Nous avions du mal à nous comprendre. D’ailleurs, le fait qu’il sonne au lieu de rentrer, qu’il vienne pour s’expliquer au lieu d’aller dans son maudit bar me surprenait. Il avait le double des clés de mon appartement. Nous n’avions pas emménagé ensemble. Il trouvait que c’était trop tôt pour le faire. Il m’avait proposé que nous ayons chacun le double des clés de l’appartement de l’autre. C’était une première étape m’avait-il dit. Pauvre idiote, j’avais gobé. Oh ! Et puis si ! Après tout, autant aller jusqu’au bout et mettre définitivement un terme à notre histoire. J’ouvris prestement la porte. Face à moi, se tenait un jeune homme que je ne connaissais pas.

- Excusez-moi de vous déranger. En branchant ma bouilloire électrique, j’ai fait sauter les plombs. Auriez-vous une torche électrique à me prêter pour que je puisse voir mon compteur électrique ? Je viens d’aménager aujourd’hui. Je n’ai pas défait tous mes cartons, je ne sais pas où elle est.

- Non je n’ai pas de torche électrique mais une lampe de poche dynamo. Tenez

- Merci, j’ai de la chance que vous soyez là ce soir.

- De la chance ? Je ne peux pas en dire autant.

- La soirée a été difficile, n’est-ce pas ? Votre petit ami n’est qu’un imbécile.

- Comment vous le savez ?

- Ne faut-il pas être idiot pour faire pleurer une jolie femme comme vous le soir de la St Valentin ? me dit-il en souriant

Encore un beau parleur ? Non, il avait un petit quelque chose en lui de sympathique et de sincère.

- Disons que j’aurais dû me rendre compte plus tôt que lui et moi, nous n’étions pas faits pour être ensemble.

- Cela vous dit une tasse de thé ?

- Vous croyez pouvoir en faire ce soir ?

- Oh, je suis un homme plein de ressources.

- Votre femme a de la chance !

- Je suis célibataire.

- Bon ! Alors, voyons voir si vous êtes un homme plein de ressources.

Effectivement, il était. Il me montra que ce n’était sas la peine de sortir le grand jeu pour réussir une soirée de St Valentin : du thé, un pot de Nutella, 2 cuillères, un paquet de mouchoirs en papier, une oreille attentive, un garçon charmant et attendrissant et le tour était joué !