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4 mai 2009

SOL UNDERGREEN V, par Vincent M. Desplagnes

Chapitre V

     « Candida Albicans !!! Candida, voila la personne à qui je dois m’adresser pour avoir une explication claire de la situation obscure dans laquelle un anonyme ennemi m’a fait basculer, » songea Sol Undergreen dans le style limpide des pensées dans lesquelles il s’était englué depuis les 40 dernières années de son inexistance.

     Candida était une relation de travail qu’il avait fréquenté lors d’un stage de son unité, elle était la seule personne encore en vie à connaître que son poste à la policerie n’était en fait q’une couverture. Le commissaire Magret de la Bruxelloise et sir Conarde Floyde de la Sherlockerie était mort respectivement, pour l’un d’une indigestion de canard et pour l’autre d’une ingestion de morphine base avariée, «Lé macchabée né parlé pé ! » s’invectiva Sol, on ne sait pourquoi, les nerfs à vif peut être, en se remémorant ce vieux dicton de la sagesse calabraise.

      Non il n’y avait que Candida, elle aussi de la policerie, qui savait que Sol Undergreen, l’un des flics les moins en vue de la réserve indienne des Cévenols, était en fait un journaliste infiltré. Elle n’avait jamais d’ailleurs pu savoir pour quel journal il travaillé, sauf par déduction qu’il s’agissait certainement d’une feuille de chou clandestine. En effet à cette époque, que les plus de vingt ans ne peuvent pas encore connaître, n’importe quel journaliste pouvait demander sa mutation à la policerie, pourvu qu’il soit bien noté de ses inférieurs cela va de soi… C’est ainsi que de fins limiers de l’information pouvaient se retrouver mutés par le plus grand des hasards erratiques dans les locaux  divers des poliçarias de la doulce France. Cependant il faut noter que l’inverse était plus courant car nombre de flics fatigués par l’archivage des faits divers souhaitaient donner un nouvel élan à leur vie professionnelle et s’investissaient avec enthousiasme dans le « jouïrnalisme ». C’est ainsi, grâce à  ces hommes courageux, que quelques-unes des plus belles pages de la propagande française furent écrites et publiées dans des journaux tels que le Biglot Madame ou le Nouvel Masturbateur, pour ne citer que les plus célèbres.

     Mais Candida n’avait pas pu trahir Sol, car Candida aimait Sol et Sol avait été sentimentalement des plus confus avec elle, ce qui faisait qu’elle ne pouvait rien mésestimer de son amour de lui à elle, car quand on aime sans savoir on ne sait plus où l’on en est - et c’est cela qui fait  que c’est si romantique et qu’on se suicide à la fin, sauf si son chevalier servant est à l’heure, parce que pour une fois ces salauds de cégétistes de cheminots ont décidé de pas mettre des poutres en travers de la voie comme de véritables Apaches qu’ils sont tous, oui mosssieur que c’est vrai, c’était écrit avant hier dans le New Folk Post  OUIIIIIIII

     « Dring, dring, allo c’est qui ? Mon chien devant mes yeux, six feet under messieurs et.. ». BOUM une explosion terrible enleva l’agent spécial Sol Undergreen de sa tendre rêverie, le souleva de terre et l’envoya dans le ciel à des milliers de kilomètres. « Comment cela pouvait il se faire ? » se réflexionna-t-il alors qu’il planait léger dans la stratosphère ; même pas mal à première vue, et la vue était loin présentement car il faut songer qu’il était en orbite…

A cet instant, Sol déduisit que ce qui avait explosé était la tombe de son chien Milou, vu qu’il ne pouvait en aucun cas être lui-même le commanditaire de cet attentat car : 1) il n’était pas d’Al Craquera, la cellule terroriste de la CIA,   2) il aimait les animaux et les chiens et les petits poissons,  3) la tombe ne pouvait avoir explosée par elle-même car il l’avait creusée de ses propres mains qui étaient alors devenues sales   4) c’était donc son chien qui était piégé;   5) les salauds ils étaient prêts à tout et ne respectaient rien, même par téléphone !

     Suspendu à du vide, léger tel le néant quand on l’oubli peut-être, Sol était là, là où il faut être, là où vont les êtres quand ils ne s’apprivoisent plus.

      Grâce à sa parfaite maîtrise du non-sens - car dans l’espace intergalactique personne ne se risquerait à vous indiquer le haut du bas - Sol undergreen était bien, il savait savourer ces instants de la vie d’un homme où l’esprit prend de la hauteur (car les grands esprits sont indubitablement toujours perchés, Jésus sur sa croix, de Gaulle sur la sienne, Moïse au mont blanc, ma chatte sur un toit brûlant, les exemples sont légions romaines tirons une croix là dessus c’est bien moins lourd que de la porter mais vous faites comme vous voulez avec vos problèmes de croix, la littérature et les grands penseurs y pensent qu’à eux d’ailleurs, tiens pour dire, dans « Les Misérables » sommes-nous cités une seule fois, bien sûr que non, alors que pourquoi eux plutôt que nous), mais cessons de faire la causette, elle n’a que ce qu’elle mérite la pauvre.

     Les crédules, les mystiques pré-darwiniens ne se posent pas la question, la pensée magique aidant ils comprennent ils savent, ayant acquis l’inné, que tout est possible, que tout peut arriver. Ainsi s’explique clairement pourquoi l’agent très spécial Sol Undergreen : 1m98, 115 Kg (une lubie de l’auteur qui n’en pas de la hauteur et se permet tout et n’importe quoi), peut se retrouver là où il se trouve, c'est-à-dire toujours plus haut dans le phénoménal.

      Certains anthropologues du Moyen Age ont cependant donné quelques explications à ce qu’ils appellent « le phénoménal inexplicable », souvent irrationnellement sous-estimé à sa juste valeur. Le phénoménal inexplicable est ce qui permet à l’être d’être sa propre essence ou, comme disent si bien les Anglo-saxons, son essence propre et de l’essence propre pour son être, des millions de pauvres demeurés sans gourous la recherchent chaque jour.

     Sol Undergreen, grâce à sa parfaite conscience anarcho-taoiste d’appartenir à tout l’univers qui l’entoure et non pas qu’à sa mère, pouvait donc bien être là où il voulait et même ailleurs et tout à la fois, il ressentait les plaisirs des milliards de molécules qui composent la galaxie.

      La descente dans le phénoménal est toujours délicate et obscure pour un esprit cartésien, c’est son charme. Seule la physique quantique pourrait en approcher la poésie, mais qui lit encore avant de se coucher de la littérature quantique, c’est épouffroyable et le monde n’est plus ce qu’il était il y a encore  quelques secondes… et Sol descend toujours.

     A mille mètres on a une chouette vue sauf en Picardie où y a pas mille mètres mais plutôt des milliers de kilomètres de brouillards à l’horizontale et on n’y voit rien - alors que ceux qui l’ont vue…fugacement…disent…d’un air badin : « C’est joli la Picardie ! »

     Sol Undergreen, au fur et à mesure qu’il se rapprochait de sa planète, sentait bien comme Sigmund Freud en son temps, qu’il y avait un malaise dans la civilisation : une nouvelle pollution semblait voir le jour, une pollution des corps, des esprits, des moindres particules, qui s’immisçait en vous, en la moindre chose de vous, dans l’air du temps, dans le vent du matin, dans l’eau, dans le poisson qui nage et même dans le brouillard picard qui était pourtant si naturel au commencement de la congélation et si frais qu’on en faisait du surgelé avant de nous le mettre en boite. 

     Voila peut-être la raison pour laquelle des forces obscures de la grande redistribution avaient voulu l’assassiner, non pas qu’il sût qu’ils voulâssent l’empoisonner (car l’agent spécial Sol Undergreen comme tous les « spécials » savait qu’il ne savait rien et que c’était déjà beaucoup), non mais il  savait qu’il avait ce don particulier des Indiens cévenols de sentir avant tout le monde qu’un air morbide pouvait s’abattre à tout instant sur la planète bleue et la rendre verte de peur, ce qui même pour un écologiste n’est pas tolérable.

      Le suspense étant à son comble, Sol Undergreen envisagea de traverser le toit d’un pavillon de banlieue qu’aurait mieux fait (au vu des dégâts collatéraux qu’il allait subir)  d’aller se faire mettre ailleurs, mais il se retint et l’agent très spécial Sol Undergreen continua de planer dans les cieux.

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Commentaires
V
Jouer et surfer avec les mots donne encore plus de relief à cette histoire colorée et imaginative.<br /> A quand le prochain épisode ?
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