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31 mai 2009

Neige à Marseille, par Ariane LOEB




Neige à Marseille

 


Ce qu’il peut faire froid ! j’ai dit.

Toujours à te plaindre… qu’il m’a dit ! Tu imagines… Pour un peu, je serais rentrée tout net à la maison mais bon, cette balade c’était pour nous rapprocher un peu, retrouver le contact.

 

Parce que, depuis quelque temps, ça n’allait pas très fort entre eux, et le contact justement ils ne savaient pas comment le retrouver.

 

Tu vois, ça commençait bien !

Laure écoutait son amie avec attention.

Tu imagines, à Marseille ça n’arrive jamais toute cette neige qui tombe tout d’un coup !… Quand même, il n’est pas prévenant ! La chaussée commençait à glisser, j’avais pas les chaussures qu’il fallait c’est sûr…

 

 Un brin de nostalgie passa dans son regard. Quand il était jeune encore, il se précipitait vers elle au moindre de ses pas hésitants, il la soutenait de son bras chaleureux, il…

Ils étaient amoureux, évidemment ! C’est moche de vieillir sans amour.

 

Les femmes sont plus frileuses que les hommes, c’est bien connu !  Il n’y a que lui pour ne pas le savoir !


Ça tombait mal, un froid pareil.

 

Le matin il est allé chercher des croissants…

Eh bien tu vois, remarqua Laure, il a fait un effort !

Oh, pas terribles les croissants… mollassons, enfin tu vois le genre, je ne sais pas où il était allé chercher ça !

Il a quand même fait un geste ! Il a voulu te faire plaisir…

 

 

Le vieux port était magnifique, les bateaux à quai dodelinaient dans le silence ouaté de la neige.

Comme c’est beau, murmura l’homme, tellement inhabituel…!

Les yeux rivés au sol, sa compagne avançait d’un pas maussade et malhabile sur la chaussée mouillée.

Tu fais la tête… ? C’était bien la peine !

Tu ne comprends rien à rien…

Comme toujours ! Je ne t’ai jamais comprise, ma chérie…

Les mains bien enfoncées dans les poches, il haussa légèrement les épaules. L’air dégagé, il regardait autour de lui. Le spectacle du port et de ses bateaux emmitouflés de neige l’enchantait. Blanche et fière, la ville s’étageait tout autour. 

Quand même, ils auraient pu prévoir ! bougonna la femme.

Prévoir quoi… ? Distribuer des bottes fourrées à tous les Marseillais ?!

Il rit. 

 

Tu te souviens quand nous courions dans la neige au Danemark la veille de Noël ? dit-il. Il n’y avait que nous pour être dehors ce soir-là ! Ils étaient tous dans leur petite maison bien chaude aux vitres éclairées par des bougies…

Un faible sourire traversa un instant le visage de sa femme.

On avait vingt-cinq ans…

Il approcha sa main de la sienne. Elle eut un geste de recul, se ravisa.

 

 

Laure sourit.

Eh bien, tu vois… il a fait un geste vers toi.

 

(janvier 2009)

 

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