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28 septembre 2009

Retour en arrière ! par Françoise

Retour en arrière ! 

 

Pour moi le lit c’est le ciel de lit, sous lequel j’ai droit de me blottir embrassée par ma grand-mère. Pendant mes vacances chez elle, j’occupe une chambre seule, vaste et aérée, donnant sur le jardin. Un mystérieux objet est posé sur une table et aiguise tout ma convoitise. C’est une tisanière, personne ne s’en est jamais servi. Elle est si précieuse, qu’après en avoir hérité, je la retrouve encore dans ma salle de séjour… Le lit est doux et moelleux. Le matelas de laine fraîchement cardée permet un repos à jamais inégalé.

 

A sept ans, je dors pour la première fois à l’hôtel. C’est là que mon imaginaire des chambres va se poser, en ce lieu. Tapis rouge avec baguettes de cuivre. Le portier nous accueille, mes parents et moi, à la sortie du tambour. Son uniforme bleu et rouge avec des boutons dorés, et bien sûr sur la tête son calot avec jugulaire, m’impressionnent. 

Un chauffeur vient mettre la voiture au garage. Papa lui donne les clés, je n’en reviens pas : comment allons-nous arriver à Marseille, si nous ne pouvons plus démarrer ? Un monsieur qu’on appelle d’un nom anglais, le liftier, nous fait monter dans l’ascenseur. 

Notre chambre contient trois lits. Le mien est en bois, avec un haut sommier et un matelas de laine. Le sol est couvert d’un tapis, les lampes en cuivre avec des pendeloques sont posées sur les tables de nuit.

J’ai peu dormi, trop occupée à contempler, émerveillée, le décor de la tapisserie et les grands rideaux qui voilaient les fenêtres. Au matin on nous a porté un petit déjeuner dans la chambre, je n’avais jamais connu cela.

 

1960, j’ai 30 ans. Je réalise un de mes rêves : retourner à mon hôtel des mille et une nuits en une.

Me voilà à Salon de Provence, seule en scooter, posant mon casque semblable à un bob de cavalier.

Même rue, même nom : « Hôtel de la Poste », mais vingt-trois ans plus tard.

Décidée, j’en franchis le seuil, appuie sur une sonnette, la porte s’ouvre sur un comptoir, une autre sonnette et enfin une voix qui me demande ce que je désire. Une chambre seule pour une nuit. On me répond en me donnant la clé : « N°21, premier étage à droite. »

Première déception : où sont mes rêves d’antan, du tapis rouge il ne reste qu’un vague paillasson, l’entrée est très étroite et mon scooter doit rester dans la rue, le garage a disparu.

La chambre a gardé un mobilier vieillot qui me paraît sale et désuet : où sont les buildings de Hong-Kong avec tout leur confort, qui m’avaient accueillie quelques semaines plus tôt ?

J’entrouvre les fenêtres, le bruit m’étourdit. Je reste songeuse, me disant qu’un souvenir d’enfance, toujours enjolivé par l’émerveillement, ne peut être réalité.

Comme vingt-trois plus tôt, je ne dormis guère, mais pas pour les mêmes raisons, hélas.  La nuit fut courte, et au lever du jour je partis en direction de Marseille.

 

Françoise

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