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16 octobre 2009

Didi aux "Puces", par Mireille Barlet

Didi aux « Puces » de Marseillan

 

C’était pour elle comme un aimant,

Le dimanche matin aux « puces » de marseillan.

Didi , toute la semaine s’y préparait,

Dans son métier de kiné, elle avait le temps d’y penser.

 

Pour Rose- Marie, cette mémé qu’elle bichonnait,

Avec délice chaque matin,

Samedi, elle n’oublierait pas

Cette boîte construite au Guatemala.

De la taille d’une grosse boîte d’allumettes,

Mais en vrai bois délicat,

Qui se laissait caresser, car il luisait

Comme de l’acajou ciré.

 

RoseMarie aimait la difficulté.

C’était un régal de déchiffrer sur sa face, la joie,

Le rictus de sa bouche fendue en une ironie fière

D’avoir manipulé, trouvé

 ce  que d’autres qu’elle, avaient mis tant de temps à débrouiller.

 

Aux puces, la dernière fois,

 Quinze personnes, devant Didi,

Avaient essayé devant un barbu en treillis, aux yeux gris,

De l’ouvrir cette boîte parallélépipédique,

 En forçant, en suant, en bégayant,

En injuriant ce monsieur,

Qui, sur un geste simple, tout en rondeur,

Avec tant de souplesse,

Faisait sortir de son socle

Comme un petit tiroir qui glissait,

 On aurait dit sur de fines roulettes.

 

Non, ce n’était pas possible,

Il devait subtiliser à l’original,

Pour les badauds,

 

Une autre boîte dont le bois avait gonflé par la chaleur,

Ou bien dont les arêtes avaient été auparavant collées.

Mais au bout d’une demi heure d’essais avec ses clients,

Didi y compris,

Le fier monsieur, à l’allure de Che Guevara,

Leur expliqua avec panache de bien observer

Les faces opposées de la boîte, les plus petites,

Qui étaient striées comme de la pâte à papier,

Par quatre traits en quinconce, dont la longueur différait.

Il suffisait d’empoigner de la main gauche,

Le côté de la boîte de la face la moins travaillée,

Et de tirer de la main droite sur l’autre face,

Où les stries étaient plus longues et parallèles,

En gardant les doigts posés sur les arêtes prises en diagonale,

Par rapport à la ligne verticale passant par le centre de gravité du solide.

 Comme poussé par un ressort le tiroir s’ouvrait soudain,

Ça tenait du miracle !

 

Didi avait déjà acheté, sur le stand d’à coté, aux merveilleuses senteurs,

Les sept minuscules poupées longilignes,

Dont les bras et les jambes étaient aussi minces que des bouts de ficelle,

Habillées à l’indienne,

Ces figurines pouvaient toutes s’engouffrer

Dans le tiroir béant de la boîte.

 

Quand RoseMarie aurait découvert le secret de son mécanisme,

Elle pourrait y enfermer une à une toutes ses poupées,

Symboles de ses sept douleurs les plus fortes,

Pour les chasser de ses neurones et les oublier à jamais.

 

Lundi prochain, à la même heure,

Didi verrait apparaître le fameux rictus de joie

Sur le visage de RoseMarie,

Contemplant la boîte refermée pour toujours,

 avant de l’avoir fiévreusement ouverte !

 

Et Didi en serait si fière !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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