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18 novembre 2009

Saveurs de l'eau, par Danièle Chauvin

 Saveurs de l’eau

 

 L’eau n’a ni odeur, ni saveur. Elle est liquide et transparente. Celui qui dit cela n’a jamais goûté le pur plaisir d’un grand verre d’eau fraîche pendant une courte pause au creux du labeur.

Voyez vous-même. Lâchez votre outil, passez les mains sous le robinet pour les dépoussiérer : préambule.

Prenez un grand verre, emplissez-le de ce breuvage. Ecoutez son léger chuintement accompagnant son mouvement de spirale ascendante. Il semble s’offrir, impatient, à votre soif.

Approchez le verre de vos lèvres, et doucement, inclinez-le, lui permettant de pénétrer dans votre bouche. Là, fermez les yeux. Recevez l’élixir de vie et de repos.

En s’étalant sur la langue, il en dénoue immédiatement les tensions, efface votre nervosité, supprime votre hâte.

La première gorgée poursuit son chemin tandis que vous aspirez un nouveau trait. Celui-ci apporte à son tour son cadeau liquide. Vous percevez alors plus nettement sa fraîche fluidité, son léger goût minéral.

La troisième gorgée vous désaltère tout-à-fait, vous allège et vous fait oublier votre fatigue.

Vous avalez le reste en longs mouvements de la bouche et de la langue. Vous faites tourner l’eau contre vos dents et votre palais. Elle emplit tout l’espace. Vos joues, votre gosier s’en abreuvent avidement.

Quand le verre est vide, vous êtes rassasié, désaltéré. Vous êtes reposé.

Vous reprenez votre tâche avec entrain.

 

Et que dire de sa vertu d’exhausteur de saveur ! Qui n’a pas bu un grand verre d’eau après la dernière bouchée d’une banane ne connaît pas toute la richesse de ce fruit.

Mûre à point, vous en captez un morceau entre vos lèvres. Vous la pressez doucement contre votre palais pour en sentir l’onctuosité soyeuse. Elle vous offre alors sa douceur ensoleillée de fruit né sous des cieux d’été permanent. Elle se laisse mâcher sans résistance, devenant crémeuse, enrobée de ses arômes très personnels. On ne dit pas : « La banane sent ceci ou cela. » On dit : « Cela a goût de banane.» Elle s’étale et s’installe. Elle semble discrète, et pourtant elle vous révèlera tout à l’heure, sa malicieuse générosité.

Après l’avoir dégustée, buvez un verre d’eau ; elle resurgit. Son alliée liquide l’a réincarnée en effluve suave. Elle se redéploie au cœur du palais. Elle n’est plus le fruit à la chair compacte et malléable. Elle en est le souvenir, comme une bulle éclatante et vaporeuse, qui vous laisse une empreinte douce aux couleurs d’ambre chaude, de source claire et de soleil des Tropiques.

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