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30 novembre 2009

Vivez Joyeux, scènes 3 et 4, par Vincent

                                                                                     SCENE III

                                             (sénator Point, Mme Virgule, le narrateur)

 

 

SENATOR POINT : en tant que euh euh euh en tant que sénator de l’île vilaine, je suis heu heu heureux de vous remercier de m’avoir confié vos intérêts et…

 

VIRGULE : excusez moi Mr point

 

SENATOR POINT : sénator Point Mme Virgule, sénator Point, qu’y a-t-il ?

 

VIRGULE : vous ne devriez pas dire vos intérêts mais plutôt l’intérêt que je vous porte ou que vous me portez ou ,plus classique ,que vous me portasse, enfin intérêt porté semble plus juste que intérêt confié, qui fait comment dire plus, plus financier et en ce moment et pour les deux mille ans à venir financier ce n’est pas bon Mr le sénator.

 

SENATOR POINT : (en aparté) : Mais qu’est-ce qu’elle me fait celle là, le pognon que ça ma coûté en bakchich, celle là alors ! Je pourrais même dire truandé, truandé porté si j’veux, j’suis élu! qu’elle niaqoué celle là

(tout haut) Vous avez excellemment raison Mme Virgule, vous êtes une perle de la diplomatie « Que serais-je sans vous qu’une seconde arrêtée au cadran de ma Rolex » ahah.

 

VIRGULE : ce que vous pouvez être drôle Mr le sénator, vous êtes le plus drôle de tous les sénators que j’ai connus

 

SENATOR POINT : que voulez-vous dire par le plus drôle ? (Aparté) Si je passe pour un comique auprès de la population mon mandat risque d’être bref. (tout haut) Drôle dans le sens comique ?

 

VIRGULE : ah pas du tout… drôle… dans le sens détonnant

 

SENATOR POINT : ça pour détonner ça détonne, ça me rappelle quand Joe Chiachia a chiatellisé mon prédécesseur

 

VIRGULE : pas détonnant, étonnant Mr Point

 

SENATOR POINT : sénator Point ! 

 

VIRGULE : pardon, sénator Point, oui étonnant vous êtes étonnant, personne ne vous attend à l’endroit où vous apparaissez… élu sénator dès la 1ere fois l’avant 1er tour !

 

 

 

SENATOR POINT : je sais être persuasif Mme Virgule, la plupart des problèmes ne sont pas des problèmes, quand vous savez expliquer à vos concitoyens avec les points sur les i ! Mme Virgule, les points sur les i ! Qu’ils n’ont pas intérêt à la jouer ni con, ni citoyen, alors ils vivent heureux chez eux au coin de la télé au chaud, qu’est-ce qu’ils viendraient foutre dans la rue, vous y allez vous dans la rue Mme Virgule?

 

VIRGULE : oh non Mr Point

 

SENATOR POINT : sénat or putain t’en veux un point sur les i… finissez votre phrase Mme Virgule j’aime écouter la base qui m’ fait remonter ses lamentations, j’écoute ça, ça coûte rien, vous disiez donc ? Mme Virgule, vous sortez dans la rue, la manifeste et tout le toutime ?

 

VIRGULE : ah ben non sénator j’suis pas d’la rue, j’suis une secrétor d’intérior.

 

SENATOR POINT : (en aparté) C’est vrai quel meuble, elle est commode mais quel bahut.

(tout haut) Bon revenons à mon discours d’intronisation, je reprends : chers amis je suis ému par la confiance dont vous avez fait preuve en m’élisant, étonné même… à votre place je n’aurais pas été aussi veule !

 

VIRGULE : Mr Point

 

SENATOR POINT : sénator

 

VIRGULE : vous ne pouvez pas dire ça !

 

SENATOR POINT : vous avez raison Mme Virgule, notre démocratie n’a pas atteint le degré de maturité pour entendre une vérité telle que celle qui est mienne, vous êtes la sagesse de cette  Administration… Mme Virgule, puis je vous poser une question ?

 

VIRGULE : Oui OUI

 

NARRATEUR : pauvre petite, la voila qui tremble comme une feuille, flutepute si c’est pas malheureux

 

SENATOR POINT : Si vous aviez le droit de vote, est-ce que vous auriez voté pour moi Mme Virgule ?

 

NARRATEUR : voyez-vous comme elle, l’ombre immense du sénator Point se détacher sur le mur? Une ombre étrange, massive et droite. Un énorme point surmontant une barre froide. Un point sur un i. dirait on, comment ça vous ne voyez rien ?

 

VIRGULE : oui sénator oui oui bien sur comme tout le monde Mr le sénator comme tout le monde.

 

                                                     SCENE IV

                    (D’abord le narrateur et Sol puis, à part : sénator Point, Pivert Malakofffff)

 

 

NARRATEUR : Un cling résonne dans la montagne blanche, le cling de la pelle s’enfonçant dans la neige, c’est évident, faut tout vous expliquer

 

SOL : il pèle et la pelle pèle la neige

 

NARRATEUR : voyez un peu ce Sol Undergreen s’arrêter dans son activité et réfléchir à l’immense haïku qu’il vient de créer. Il pose son outil contre un tronc et entreprend d’écrire le fil de sa pensée à même la blancheur du sol et ce , avec le pied, à la manière de certains grands auteurs français du passé présent dont même les Anglais nous envient la disparition. Notre héros, Sol Undergreen, est à ses heures, je le précise, perdues (chez lui tout est perdu alors les heures…) est un adepte du land art… ah, c’est semble-t-il raté, nous dirons : ce fut en voulant corriger les fautes d’otografe que l’œuvre de l’immaculé spontané, c’était le titre qu’il lui avait donné, se transforma en une bouillie informe.

 

 

SOL : ça me servira de leçon, il ne faut jamais corriger le spontané. N’est pas Andy qui veut, j’entends Goldsworthy le seul Andy qui soit !

 

NARRATEUR : Pendant qu’il reprend sa pelle et cherche un autre coin dépourvu de roche pour y creuser la tombe de son chien, un toc vibre sur une porte à des lieux de là, puis toc toc,toc,toc,toc,toc,toc,toc,toc.

 

 

SENATOR POINT : C’est vous Pivert ? Entrez donc et cessez de toquer.

 

NARRATEUR : Le sénator regarde s’éloigner de lui les fesses de sa secrétaire qui, en croisant le regard libidineux de Pivert, les serre un peu plus. Pivert Malakofffff (prononcer fffeu comme un chat en colère) est un comptable Brusso-Balbanais, que l’on surnomme Pervers Malakofffff, il a été embauché par le sénator Point pour tenter de mettre de l’ordre dans sa comptabilité, quel merdier pour le fisc entre nous soit dit. Il dirige une équipe de lui-même qui a lui seul a réussi à remonter le CAC 40 à 50 et le NASDAQ à comac.

 

SENATOR POINT : quelles sont les nouvelles pour notre affaire ?

 

PIVERT : ji mi li escusi bi ba mi li missi el i rati totalemi rati .

 

NARRATEUR : Pivert Malakofffff s’exprime dans un léger accent de Gale du sud qui trahit son cursus universitaire dans la prestigieuse : « Bavard university of Birkili » dans l’Y aie oh ! Flutepute, ça fait mal d’l’ dire. Vous avez mal nulle part vous ?

 

SENATOR POINT : comment ça échouer ?

 

PIVERT : titili

 

SENATOR POINT : totalement ?

 

PIVERT : titili !

 

SENATOR POINT : que s’est il passé ?

 

PIVERT : il i confondi li chi avé li maitri.

 

SENATOR POINT : ce n’est pas possible, je rêve.

 

PIVERT : ni ni que ni ni…

 

NARRATEUR : réplique timidement Malakofffff avec cette exquise politesse qu’ont toujours affectionnée les comptables de la pègre universitaire of Bikili dans l’Y aie oh. C’est alors que le sénator eut cette réplique que les historiens ne finissent pas d’historier et les étudiants d’oublier :

 

SENATOR POINT : c’est un âne ! Il bute un chien ! Est-il humain ?

 

PIVERT : ji mi l’expliqui patroni, ji mi dépéchi, dépéchi, viti,viti…

 

SENATOR POINT : te dépêcher pourquoi, c’est nous la loi !

 

PIVERT : viti, viti, qui ji arrivi au ski qui ji vi pas li, li chi

 

SENATOR POINT : le chien

 

PIVERT : li chi

 

SENATOR POINT : c’est sûr pour caguer tu fais caguer Malakofffff, tu fais deux cents bornes, dans la tempête, avant de t’apercevoir qu’au lieu d’avoir kidnappé le contrat, à l’amiable je précise, tu avais enlevé le cabot! mais c’est pas possible !!

 

PIVERT :chi chi

 

SENATOR POINT : qu’as-tu fait du chien ?

 

PIVERT : buti.

 

SENATOR POINT : butter, abruti !

 

PIVERT : si si impératri.

 

SENATOR POINT : ah ne me flatte pas j’ai horreur de ça, si si impératri pourquoi faire ?

 

PIVERT : un contri é un contri !

 

SENATOR POINT : j’en suis contrit et for marri et puis t’es rentré bien tranquilli avec ta connerie et moi je dépense un pognon fou en contrat à l’amiable !

 

PIVERT : j’i arranji li problémi, ji téliphoni.

 

SENATOR POINT : à qui ?

 

PIVERT : à Sol Undergris.

 

SENATOR POINT : green, si t’es daltonien en plus je comprends l’erreur, pourquoi tu l’as appelé ?

 

PIVERT : pour qi récupiri li chi.

 

SENATOR POINT : pourquoi faire ?

 

PIVERT : li surprisi patroni li surprisi di chif.

 

SENATOR POINT : du chef, la surprise du chef! Quel cocktail Malakofffff, tu devrais essayer de faire simple, je t’explique, je te dis « élimine le contrat à l’amiable« , bon il a peut-être une tête d’épagneul breton ou même de berger allemand vu qu’il essaye de nous faire croire qu’il est flic, d’accord! Mais tu repères bien sa petite tête et tu confonds pas et tu joues pas au vétérinaire avec le chien, avec le chien d’un con de pseudo flic indien dans la montagne, tu fais simple Malakofffff! Y t’ont pas appris à l’university?

 

 

NARRATEUR : malgré que nous n’ayons pas de psychiatre sous la main (sinon nous l’aurions pendu ils ne sont jamais là quand nous avons besoin d’eux ces escrocs), nous sentons bien ici que le sénator peine à maîtriser une haine d’une puissance qu’il n’avait plus connu depuis la dernière tentative de rétablissement de la démocratie par un groupe de républicains qu’ont tous été fusillés, heureusement pour son hypertension de l’époque qui est toujours élevée pour un homme de son âge, quoique sa corpulence ne plaide pas en sa faveur et, comme lui avait dit si justement le Professeur Joyeux Laborieux : « un mètre 50 sur un mètre 50 c’est dur de pas se tasser les artères de la racine jusqu’au carré », mais les explications médicales ne sont pas toujours claires sauf pour l’industrie pharmaceutique qui écrit les sous titres, oui bon ça va hein excusez moi. Je résume : la tentation de la strangulation fourmillait dans les doigts du sénator Point.

 Pendant ce temps, Au loin là haut, telle la chèvre de Mr Seguin, Sol Undergreen perçoit dans l’air ambiant un hurlement de loup lointain, faible mais glaçant, plus gelé que la neige, plus froid que la petite tombe qu’il vient de creuser pour son fidèle Milou. Son instinct d’anarcho-taoïste d’indien cévenol habitué à la méditation avec le grand Tout ne le trompe pas, quand il contemple la situation présente : géographie éloignée, chien abattu, solitude, appel de la forêt, les hauts de Hurlevents, ma cabane au canada, tout, absolument tout lui rappelle que sa situation est pire qu’à Megève un soir de jour de l’an et qu’elle ne peut qu’empirer.

Il met son esprit aux aguets, vérifie qu’il n’y a aucun appel laissé sur la messagerie de son téléphone i teck de bois et alors là, l’esprit tranquille, commence par se méfier de tout. Il a froid, il est seul, il songe 

 

SOL : quelqu’un a-t-il donc tiré à lui ma couverture pour me découvrir ainsi ?

 

NARRATEUR : admirable, quel talent, car Sol Undergreen est plus qu’un simple flic, ça tout le monde peut l’être même un gendarme et….excusez-moi.

 

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