En toute sincérité, par Christiane Koberich

            En toute sincérité.

Marie est bien embêtée, aujourd’hui. Elle cherche en vain sa veste rouge, celle qu’elle aime bien même si elle ne la porte pas souvent. Impossible de mettre la main dessus.

Soudain, elle se souvient. La dernière fois qu’elle l’avait sur elle, il y a quelques mois, elle était chez sa cousine Patricia : ça y est, elle en est sûre maintenant. Elle l’a oubliée chez elle. Ouf ! Il suffit de lui téléphoner pour la récupérer.

Aussitôt pensé, aussitôt fait. Marie saisit le téléphone, et réclame sa veste à Patricia…qui tombe des nues !

-Comment, ta veste rouge ? Mais ça fait des semaines que tu n’es pas venue chez moi. Et puis quand même, je ne suis pas si désordonnée que tu sembles le croire. Je m’en serais aperçue, si elle était là !

Patricia se tourne vers Béatrice, sa sœur, qui assiste à la scène.

-Tu n’aurais pas vu la veste rouge de Marie ? Elle prétend qu’elle l’a oubliée chez moi.

Mais Béatrice n’a aucun souvenir de cette veste.

-Rouge, tu dis ? Marie ne porte pas souvent de vêtements rouges…

Alors, à l’autre bout du fil, Marie s’énerve. Absolument certaine, maintenant, que cette veste est chez sa cousine (elle se revoit nettement avec) elle s’emporte :

-De toute façon, Patricia, quand on oublie quelque chose chez toi on a peu de chances de le retrouver !

Patricia, ulcérée, lui raccroche au nez, après un peu aimable « Et toi, si tu ne passais pas ton temps à semer tes affaires n’importe où ! »

Plusieurs heures après, Béatrice n’en est toujours pas revenue.

-Cette Marie, alors, quel culot ! Traiter ainsi Patricia de voleuse…Tu te rends compte ?

Armelle l’écoute, d’abord incrédule. Puis étonnée. Et enfin, presque convaincue.

-Figure-toi qu’elle a appelé Patricia, pour lui réclamer une veste rouge. Tu parles ! Marie en rouge. C’est pas vraiment sa couleur, elle doit pas y tenir beaucoup. Mais elle prétend que si. Elle doit encore avoir envie de faire une histoire pour se faire remarquer…

-Et elle l’a vraiment traitée de voleuse, s’étonne Armelle ?

-Oui…Enfin…Elle a dit exactement « Quand on oublie quelque chose chez toi, on est sûre de ne jamais le retrouver » C’est tout comme. Tu penses comme Patricia attend après les habits de Marie ! Non mais c’est le monde à l’envers. Quand on voit comment elle s’habille !

Christiane Koberich