Là-haut, par Régine Vivien
Là-haut qui voit ?
Le vent violent
Est en mouvement.
Le vent violent
Gifle la roche
Crisse sur la neige
Il est le maître
Des lieux.
Les nuages blancs
Enveloppent la montagne.
Le vent, lui efface
Le chemin
Qui serpente à flancs
Il le raccourcit
En faisant voler
La neige
Ne laissant que
D’étroits passages.
La chute sera rude
A celui qui voudra
Tenir tête
A la nature.
Le vent est
Le gardien de
Ce toit du monde.
Têtu il ne pousse pas
Les nuages
Qui s’agrippent
Au-dessus des mamelons.
Il ne voit rien
Mais souffle
Souffle pour
Tout embrouiller.
Pas un arbre bienveillant.
Pas une plante.
Le froid gèle
Tout
Et le vent est
Son ami.
L’air se raréfie
A cette hauteur
Pourtant l’homme
Cet élément perturbateur
Désire
Aller toujours plus loin
Toujours plus haut
Et absorber cette
Beauté
Affronter cet
Essentiel
Sans ciel.
Il glisse
S’agrippe
S’accroche
Se raccroche
A son rêve
A son idéal.
Le vent le pousse
Le repousse.
Le froid l’étreint
Le glace
Mais l’homme
Espère toujours
Atteindre
Le sommet.
Le vent et
Le froid
Se liguent
Contre lui.
Ses doigts gèlent.
Son cœur
S’étouffe.
Ses yeux ne
Distinguent
Plus rien.
La neige s’accroche
A ses cils
A ses sourcils.
Alors il fait
Un pacte avec
La nature.
Je raconterai
Ta beauté.
Le vent le trouve
Bien fier.
Il aimerait
Plus d’humilité.
Le froid, narquois
L’observe.
Qui est-il pour
Vouloir
Leur faire
De la publicité ?
Epuisé, l’homme
Se laisse aller
Contre la roche
Dure qui
Le cisaille.
Il tente
De se reposer.
Mais le vent
S’obstine
A le repousser
Dans un sens
Puis dans
Un autre.
Le froid, d’un
Seul mouvement
Le comprime
Et le laisse hagard.
Ses lèvres bleuies
Ne laissent plus
Passer
D’espoir.
Il oublie
Ce qu’il est
Venu chercher.
Il n’est plus
qu’un élément
Du paysage.
Pourtant, en lui
Une flamme
S’obstine.
Eternel inconscient
L’homme pense
Etre maître
De son destin.
Après avoir
Blessé
Les sommets
Il pense
Etre plus fort
Que le vent
Et le froid.
Il se lance
A l’assaut
Du chemin
Qui serpente.
Malgré la
Douleur de
Ses pieds gelés
Il avance.
Il doit
Accéder
A ce site
Immaculé.
Il ne doit pas
Céder
Sinon il meurt.
Et lentement
Son pied glisse
Son corps
Bascule
Et, petit point
Noir
Il rebondit
Et rebondit
Encore.
Régine Vivien Le 31 mars 2010