Séduction éphémère par Novakaléï

Rodolphe déprimait. Il avait été contraint à l’exil. Son habitat avait été détruit, une fumée toxique avait failli avoir raison de lui.

- Les humains sont bêtes, soupira-t-il.

Rodolphe n’avait plus la force de se mettre en colère.

Après un été tranquille, le début d’automne avait été rude. Les humains avaient lancé une attaque de destruction massive sur son jardin adoré. Il avait trouvé refuge après plusieurs jours de recherche près d’un étang, loin de la présence humaine. Il s’était lié d’amitié avec Diego le cricket et Joséphine la libellule. Pour son plus grand malheur, il était tombé en amour devant Lily Rose la coccinelle qui l’ignorait superbement.

- Comment séduire une adorable coccinelle lorsqu’on est un affreux moustique ? demanda Rodolphe à ses nouveaux amis.

Diego et Joséphine le regardèrent abasourdis. Joséphine précautionneusement tenta de lui expliquer que cela était impossible. Un moustique même beau ne pouvait séduire une coccinelle. Ce n’était pas dans l’ordre naturel des choses. Diego voyant son ami aussi déprimé décida de l’aider. Après tout pourquoi pas !

- C’est vrai que tu es vilain, reconnut Diego. On pourrait essayer de t’arranger en lustrant tes ailes pour les faire scintiller, mettre un peu de terre rouge sur ton visage pour te donner meilleure mine et poser une petite plume sur ta tête.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Avec ses ailes lustrées, Rodolphe ne pouvait plus voler. Joséphine avait la solution.

- Il faut demander à Mylène de nous aider.

- My…, Mylène l’araignée ? s’écria apeuré Rodolphe.

- Ne t’inquiète pas ! lui dit Joséphine. Mylène est végétarienne depuis qu’une mouche a failli l’empoisonner.

- Je ne vois pas comment Mylène pourrait aider Rodolphe, dit Diego.

- Mais si ! Mylène va tisser une toile sur une branche et Rodolphe se déplacera dessus pour attirer l’attention de Lily Rose.

- Il va se prendre dans cette toile. C’est tout ce qu’il va faire !

- Mais non. Je suis certaine que Mylène lui donnera un truc pour ne pas se retrouver prisonnier.

Les trois amis se rendirent dans l’antre de Mylène qui accepta de bon cœur. Dès le lendemain, elle tissa une magnifique toile. Rodolphe sans plus attendre grimpa et commença à apprivoiser ses déplacements. Le soleil automnal faisait briller de mille éclats ses ailes et masquer le subterfuge.

Rodolphe était aux anges. Son cœur sautillait dans sa poitrine. Même ce petit nuage qui passa ne lui gâcha pas son plaisir. Il continuait à danser sur la toile pour appâter sa belle. Ses amis en dessous de lui faisaient de grands gestes. A nouveau, un nuage passa. Puis Rodolphe disparut d’un coup.

Un moineau attiré par le manège venait de gober le pauvre Rodolphe. On ne défie pas impunément Dame Nature.

Comments

[ikl]

trop marrant