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24 novembre 2010

Honoré l'Honorable, par Caroline G.

carolinevieil_homme_lisantHonoré l'Honorable

Honoré était assis au soleil depuis de longues heures. Sa peau était rouge et ses yeux fatigués. Il y était habitué, car il passait toutes ses journées à mendier, du lever au coucher du soleil. Mais Honoré n’était pas un mendiant comme les autres. Au lieu de se tourner les pouces, de chanter ou de trouver un travail, il lisait, étudiait, s’instruisait chaque jour un peu plus. Il était empli d’une sagesse telle que même un grand médecin ou un avocat ne sauraient la dépasser. Bien sûr, cette activité ne lui était d’aucun bénéfice matériel, et Honoré s’estimait heureux lorsqu’il avait assez d’argent pour pouvoir manger le soir (quelquefois, on lui faisait la charité en échange d’un conseil ou d’une lettre). Tous les habitants du village le connaissaient, et il y avait un certain Gaspard qui s’amusait et se moquait de lui à chaque fois qu’il passait devant lui.

Honoré n’eut jamais besoin de mendier de la nourriture, car, même si parfois il passait plusieurs jours sans manger, ses études lui permettaient de toujours résister, comme si les pages qu’il lisait remplissaient son estomac.

Un jour, le roi décida de l’envoyer en prison, lui et tous les autres mendiants. Il se retrouva dans une cellule, avec seize autres détenus.

Il passa douze jours enfermé dans sa prison, puis, au bout du treizième, décida de sortir. Il attendit que tous les autres dorment à poings fermés pour réciter une incantation et ouvrir le mur de pierre. Il sortit, et dans sa grande bonté, laissa le mur ouvert, permettant aux autres mendiants, et même aux voleurs détenus, de s’échapper. En effet, il croyait que tout le monde pouvait être bon, que tout le monde méritait une seconde chance.

Il traversa le pays, seul. Il traversa des collines, des forêts, jusqu’à se retrouver devant une rivière. Il avait plu la veille, et le courant était trop fort pour traverser.

Pendant ce temps, une femme d’une quarantaine d’années, au doux nom de Gabrielle, se promenait tranquillement dans la campagne. Il ne faut pas se fier aux apparences, ni au beau sourire qu’elle affiche, ni à ses cheveux qui font de belles boucles, car cette femme s’avérait être une vraie peste. Elle prenait un malin plaisir à faire des ravages et à semer la discorde, et elle aussi était connue dans son village, pour être une personne mauvaise.

Elle aperçut le mendiant, qui était debout sur la rive juste en face d’elle.

- Vous désirez traverser j’imagine ? demanda-t-elle
- Exact, je souhaite me rendre de l’autre côté.
- Hélas, il me semble que cela est impossible…

Le mendiant soupira.

- A moins que… continua-t-elle
- Je vous écoute ?
- Eh bien, je pourrais vous lancer une corde, attacher celle-ci à un arbre, et vous pourriez traverser la rivière.
- Vous en êtes sûre ? Il me semble que le courant est vraiment fort.
- Mais non, ne vous inquiétez pas. J’arrive, attendez moi.

La jeune femme saisit une corde dans son panier, l’accrocha à un arbre et la lança au mendiant. Celui-ci, sage mais bien trop naïf, s’empara de la corde et commença à traverser la rivière. Il avait atteint le milieu lorsque Gabrielle, munie de ciseaux, coupa la corde dans un rire tonitruant.

Le mendiant se retrouva dans le courant, complètement dépassé par les événements et abasourdi.

Il commença à se noyer et crut mourir. Et puis, il se souvint de tous ces jours assis au soleil, à lire des grimoires, de toutes ces pages qu’il avait tournées, de toutes ces choses qu’il avait apprises et dont il se souvenait certainement. Il vit un arbre, et appela, de toutes ses dernières forces, la magie et la beauté de la nature. Et l’arbre, dans un grincement, lui tendit une branche que le mendiant attrapa.

Lorsqu’il fut sorti de l’eau, il remercia Dame Nature et l’arbre qui l’avaient sauvé. Il aperçut au loin Gabrielle et un désir de vengeance l’envahit. Il aurait voulu lui donner une bonne correction, mais, finalement, il se rendit compte qu’il avait mieux à faire, et qu’il devait retrouver ses grimoires et sa place au soleil.

Caroline G.

Illustration tirée du blog http://ploubarge.blogspot.com

Caroline G. a 15 ans et participe à l'atelier du mercredi après-midi.



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