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3 décembre 2010

Un amour vache, par Danièle Geroda

danielevache Un amour vache

 

. . .Et pourtant ! Lili adorait les vaches, surtout les tuilardes rencontrées dans sa campagne creusoise. D’ailleurs, elle accompagnait souvent son grand-père quand il les menait au pâturage, un peu déçue de ne pouvoir, sur le plateau, apercevoir les mille vaches censées le parcourir. La marche derrière le troupeau, un cheptel d’une vingtaine de têtes, avec son bâton sculpté, rien que pour elle, la ravissait cependant. Il faut dire qu’il fallait être très vigilants pour éviter le désordre dans la bande ruminante. Le précieux gourdin lui conférait une autorité certaine même si elle n’en usait que parcimonieusement. Lili n’avait aucune envie de brusquer ses copines mais de simplement leur caresser le flanc pour faire accélérer l’allure.

Toutefois, les évènements modifient parfois le cours de l’histoire ! !

Bien des années plus tard, Lili repense encore à ces moments de bonheur intense subitement entachés par une curieuse mésaventure.

La route . . . cruelle quelquefois n’a pas changé d’aspect. Les fossés profonds l’encadrent toujours comme par le passé. Les ornières se sont même creusées avec plus de force, ravinées par les pluies incessantes. Il faut dire qu’il pleut beaucoup, ma brave dame, dans cette contrée limousine inondée de mille sources. Le grand-père n’est plus là. Maintenant c’est l’oncle Robert qui conduit le troupeau pour les agapes journalières. Il n’empêche que Lili , elle l’aime son Eldorado ! Elle revient toujours, comme l’assassin sur les lieux de son crime, partagée entre le plaisir de retrouver la fermette et les occupantes cornues, et le malaise indélébile qui la bouleverse encore aujourd’hui.

Pour ses dix-huit ans, il y a si longtemps, ses parents l’avaient dotée de leur voiture qu’ils avaient bichonnée avec amour jusqu’à la transaction familiale fatale. Il avait bien fallu qu’elle fasse ces premières armes !! Sur les routes creusoises la circulation, même au compte goutte, ne permettait pas , à cette époque, des exercices bigrement périlleux. L’étroitesse de la voie interdisait même le dépassement de canards hasardeux. Faire marche arrière relevait du sport de haut niveau.

Que vous dire alors de croiser des vaches, pourtant ni folles, ni enragées, qui avancent vers vous à vive allure ? Là, c’est sûr ! ce fut une vache de surprise quand la voiture heurta la première bête à robe rouge, la plus téméraire, sans doute. Entre meuglements et cris sauvages, tout témoin de la scène n’aurait pu dire qui s’en était le mieux sorti. La voiture avait arrêté sa course dans le ravin, sur le toit. Plus de peur que de mal ! Et la vache ? me direz vous ! Et les vaches ? Boiteuse, pour l’une, affolées pour les autres, toutes ébaubies, elles disparurent de la vue de Lili qui mit un certain temps : à reprendre ses esprits, à regagner le plancher des vaches, à reprendre le volant.

Et pourtant, les vaches et Lili, elles s’adoraient aux temps bénis de leur jeunesse.

 

Danièle Géroda                                            Mardi 16 Novembre

 

 

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