Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ateliers d'écriture et d'accompagnement à Montpellier ou par Zoom
Newsletter
Publicité
Archives
20 avril 2011

Cérémonie, par "La mouette"

 

Cérémonie

A la manière des Variations Goldberg de Nancy Huston

 

Le héros du jour

Voila, c’est mon dernier show. Une fois de plus, je les ai tous niqués ! Je crois que j’ai réussi ma sortie. Comme Molière. Je n’aurais pas pu rêver mieux. Et aujourd’hui, ce soleil éclatant, ce soleil de Méditerranée, notre Mare Nostrum. Et ce millier de cons, putain qui sont venus me rendre hommage. Je ne pouvais pas espérer une plus belle fin.

 

Loulou, la vieille canaille

Espèce de coquin ! Qui l’eut cru que de nous deux ce serait toi qui partirais le premier ? Tu avais fait le régime, alors que moi je n’ai jamais réussi à me priver. Avec qui on va les faire ces pokers maintenant ? Et ces ripailles ? Et ces chansons paillardes qu’on chantait à tue-tête. Sans toi, ça ne sera plus drôle. Ah, on s’en est payé des bonnes ! Moi qui ne suis pas beaucoup allé à l’école, jamais tu n’as eu honte de moi. Mon Jojo, je crois que de tous ceux qui sont ici, c’est moi qui te pleure le plus franchement.

 

Jacquot, le perdant

Je suis bien sûr que tu n’espérais pas me voir aujourd’hui. Mais je suis venu là rien que pour t’emmerder. Ah, qu’est-ce que j’ai aimé ça te contredire, te mettre des bâtons dans les roues, depuis que tu avais pris ma place. J’en viendrai presque à regretter que ça s’arrête si tôt !

 

 

Claudine, la femme légitime

Ah, la vie n’a pas toujours été facile pour moi. J’ai souvent senti des regards ironiques ou de pitié posés sur moi. Mais je sais que j’étais ton havre, ton ancre, ta bouée et puis je t’ai donné des filles si belles et si brillantes et je sais que de cela tu me seras éternellement reconnaissant. Et puis j’avoue que tu me laissais une paix royale et maintenant que tu es là, je peux bien te l’avouer, j’ai bien profité de ma liberté !

 

Michaël, le poulain

Tu étais mon père. Tu étais plus que mon père. C’est toi qui m’as permis de devenir ce que je suis devenu. Et sans toi, la culture dans cette ville ne serait pas ce qu’elle est. J’me souviens quand je suis entré dans ton bureau la première fois avec une délégation de la coordination lycéenne. On avait mis le feu à des poubelles Place de la Comédie et tu avais demandé à recevoir ces jeunes écervelés. Je ne manquais pas d’aplomb. C’était ma principale qualité. Mais je n’avais pas beaucoup de stratégie. Ce jour-là, tu nous as bien fait la leçon. J’ai été conquis tout de suite. Et pourtant, à l’époque, je me fichais bien des politiques.

 

Hélène, la meurtrie

Voila bien ma chance. Il a cassé sa pipe juste au moment où mon livre vient de sortir. Jusque dans la tombe, il me porte la guigne. De quoi j’ai l’air maintenant ? Tout le monde m’évite. Ma petite revanche, je n’ai même pas pu la goûter. Ah Kouchner, je n’aurais pas dû suivre tes conseils. Tu es bien comme ton frère finalement, un mauvais conseilleur.

 

Martine, la moralisatrice

Je pouvais quand même pas ne pas venir à son enterrement. Quand on représente le parti du cœur, il faut savoir pardonner. Et puis, en ce moment, on a plutôt intérêt à resserrer les rangs. Sinon, je ne crois pas que je serais venue. Mais quand même, avec la façon qu’il avait de traiter les gens de pauvres cons, je ne m’attendais pas à voir une foule pareille aujourd’hui. Faut-il qu’ils soient tous masos dans cette ville !

 

Christian, le dauphin

Maintenant, ça va être mon tour de monter sur la première marche. Faut que je fasse gaffe quand même ! Le job est exposé. Plusieurs hospitalisations sur moins de deux mandats. Il a trinqué au niveau santé. Il était au bout du rouleau finalement et on ne s’en est pas rendu compte…

 

Dédé, l’ennemi intime

Je ne vais pas dire que ça fait vingt ans que j’attendais ce moment-là, mais quand même, il me semble que la route est plus dégagée pour moi aujourd’hui. Bon, je ne brigue pas sa place. Mais je vais enfin pouvoir exister à part entière.

 

Julie, la petite dernière

Ce voyage que je viens de faire avec lui, j’étais loin de penser que ce serait le dernier. Il était parfois un peu fatigué. Il s’assoupissait plus souvent qu’à son habitude, mais franchement, il m’a épaté une fois de plus avec les chinois, les ouzbeks, les tchétchènes… On aurait dit qu’il les comprenait au moindre signe. Il avait vraiment l’intelligence des relations humaines. Il savait flatter ou être sarcastique juste quand il faut. Un vrai politique. Un Machiavel, quoi ! Mon père, ce héros…

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité