Soif, par Héloïse
Un soldat rêve
Devant la guérite, impassible ; il sent la sueur couler sous l’uniforme.
12h solaire devant le palais.
Place déserte. Garnison d’opérette. Le soleil écrase tout.
Il s’endort, le corps s’avachit, les yeux se ferment à moitié,
baillement irrésistible, tête lourde.
Lutter contre le sommeil, veiller, attendre la relève. Mission périlleuse. Pas impossible.
S’agripper à la lance, se tenir droit, se brancher sur le moindre mouvement qui trancherait cette immobilité pétrifiante de la place minérale, miroir d’un midi éblouissant
Regarder le manège des fourmis
Ecouter le crissement du sable sous les pas
Ne pas rêver d’eau fraiche.
Rêver quand même.
Devant lui soudain un enfant lui propose un verre d’eau.
Dans ma planète on ne te laisserait pas seul au soleil comme ça.
Les assoiffés célèbres
On me donne à boire de l’eau
Je suis l’auvergnat de Brassens
Le forestier de l’autre versant de Char
La rose du petit prince
Le hussard du père de Victor Hugo
La fée du conte de Perrault
Mais toujours le manque, cette soif d’impossible.
"Au poisson on donne l’hameçon et à moi qu’est ce que vous me donnerez pour ma soif. " Michaux