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1 février 2014

Allons à l'expo, par Jacqueline Chauvet Poggi

Piste d'éciriture: deux cartes de jeu avec deux expressions à utiliser, ‘J’ai d’étranges hallucinations avec mes nouvelles lunettes’ - ‘Joie des touristes’ 

ALLONS A L’EXPO

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 Je suis allé l’autre jour à l’exposition Vallotton à Paris. Comment faire autrement ? La pub en avait fait beaucoup. Ça a commencé par des encarts dans tous les magazines chics qui s’adressent aux collectionneurs d’expo, ceux qui n’en ratent pas une. « Vous avez vu la dernière sur Signac ? Non ? Quel dommage ! » Et ils pensent « Quel nul d’avoir raté ça ! Mais comment la Culture peut-elle survivre à de tels béotiens ? »

 Il y a eu aussi une débauche d’affiches sur tous les poteaux disponibles de la ville. Un vrai parcours fléché. Et alors, bien sûr, le troupeau a suivi, s’est agglutiné sur le trottoir du musée, une longue file de corps pressés les uns contre les autres, piétinant sur le sol glacé, le cou rentré dans d’épaisses écharpes.

 Je m’y suis mis moi aussi. Deux heures, ça a duré, à faire des zigs et des zags entre les rubans genre scène du meurtre, comme des vaches au foirail.

Juste au moment où la pluie commençait à tomber, j’ai eu la chance que mon tour arrive de pénétrer dans le sanctuaire de l’art. Ouf, quelle joie, augmentée à la vue de ceux qui restaient dehors.

 Qu’est-ce qu’il y avait comme japonais, ou chinois, enfin, asiatiques. Ce sont des touristes parfaits. Ils vont où on leur dit d’aller, veulent tout voir, tout entendre, tout photographier. Je les imagine de retour chez eux, étalant leur gros bagage culturel rempli de nouveautés, cherchant à partager avec leurs proches ces émerveillements qui valaient, bien sûr, le voyage. Et les proches, ils en pensent quoi ? Je les vois d’ici bailler poliment derrière leurs éventails, les jeunes enfants se pousser du coude en riant. Jaune évidemment.

 Mais, bon, je suis là pour Vallotton. Je n’en connaissais pas plus qu’un japonais, mais au moins je me sens chez moi dans ce palais musée vénérable. Les personnages des tableaux je les ai presque rencontrés, ils ressemblent à mon grand oncle ou à ma grand-mère demi- mondaine.

Remarquez, il m’a fallu de l’imagination pour avoir une vue d’ensemble de l’œuvre. Je n’en ai vu que des parcelles, entre deux têtes d’asiatiques collés au plus près, l’audioguide à l’oreille. Comme ils sont sages et appliqués !

 Impossible de s’attarder plus d’une minute devant chaque toile. Ma technique, c’est observer le tableau à une distance de deux mètres – me rapprocher le plus près possible pour déchiffrer la notice, difficile avec mes nouvelles lunettes – reculer à nouveau pour étudier les détails , si je peux rester à cinquante centimètres en résistant à la poussée latérale.

C’est comme ça qu’il faut bien deux heures pour voir au minimum une douzaine de toiles. Mais c’est fatigant, deux heures à piétiner, même dans une atmosphère feutrée, climatisée, savamment éclairée. Surtout si on ajoute les deux heures précédentes où l’ambiance n’était ni feutrée ni climatisée.

 Alors il faut faire une pause. En général les cafeterias des musées sont accueillantes, les consommateurs bien élevés, discrets, de bonne compagnie. Seulement, ils se sentent tellement bien là qu’ils n’en décollent plus.

 Je suis là avec mon gobelet de café qui me brûle les mains. Pas une chaise libre, pas un coin de table où se poser. Je parcours la salle d’un œil scrutateur. Et voilà que j’aperçois, (ou que je suis persuadé d’apercevoir, car avec mes nouvelles lunettes j’ai d’étranges hallucinations) Ibrahimovitch  lui-même à côté de la machine à café.

Je ne peux m’empêcher de laisser exploser mon étonnement et ma joie et je me surprends à crier « Vous vous rendez compte ! Szlotan est là parmi nous, là, au comptoir ».

 Je n’avais pas  imaginé ce qui s’ensuivit. Toutes les tables se vidèrent, tout le monde se précipita vers le comptoir. Je restai dans une salle presque vide, où je pus non seulement m’asseoir, déguster mon café mais aussi profiter des pâtisseries que les déserteurs avaient abandonnées.

En partant j’ai croisé des gens qui revenaient vers la salle en grommelant ‘C’était pas Ibrahimovitch, c’était Georges Clooney’ ;

Vous savez, moi, avec mes nouvelles lunettes………

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Commentaires
N
Vérités et Humour jouent au ping pong tout au long du texte. Je n'ai jamais entendu autant de phrases snobinettes qu'en faisant la queue, à quelle exposition ? J'en avais fait tellement lors d'un séjour trop court à Paris ///////
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