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27 octobre 2017

 Belle photo des années 50… par Michelle Jolly

Piste d'écriture: les photos de Ed van der Elsken 

L’horloge de St germain des Prés a sonné onze fois, dans la nuit installée le grand café se vide : bourgeois jouant aux touristes, étrangers en balade, seuls, quelques habitués s’attardent.. Dans un angle de la salle, sous la lumière blafarde, un homme s’est assis, il se sent bien là, étend ses jambes, plie son journal qu’il a un moment parcouru, le glisse dans la poche intérieure de son imper, puis attend…. Les yeux fixant le plafond….

Près de lui, dans l’ombre, tournant le dos à la rue, deux êtres sont debout. Elle, droite dans son manteau sombre cachant son corps, son visage est fatigué, une grande lassitude l’habite. Ses cheveux étalés sur ses épaules, elle semble de la main couvrir son ventre, comme pour le protéger… Qu’y cache-t-elle ? Quel soudain secret a-t-elle dévoilé à ce jeune homme qui l’accompagne ?

Lui, nous regarde, hors du champ, comme s’il cherchait une réponse à leurs questions ! Il est figé là, sa longue main reste accrochée nerveusement à la poche de son pantalon, il a envie de parler ? ou de crier … 

Tout près, dans la lumière blanche, l’homme à l’imperméable s’est endormi, un sourire aux lèvres, insensible au reste du monde.

Je regarde ce couple si perdu, la peur a l’air de les habiter, mais dans ces années-là on avait peur de tant de choses ! Peur de l’interdit, de la famille, de la société… Elle se dit : « Si je vais voir quelqu’un, il faut faire attention, on m’a parlé de prison ! …mais je ne veux pas, je ne peux pas…. »

Lui pense : « Je ne serai pas là pendant longtemps, demain je pars au service, et peut être la guerre, en Algérie… ça, maintenant, c’est trop tôt ! »

Un espace s’est élargi entre eux, leurs deux solitudes sont immenses.

A côté, dans des rêves heureux qui figent son sourire, l’homme à l’imper s’abandonne mollement sur son siège…

elsken café de nuit

(expo La vie folle, musée du Jeu de Paume, Paris 2017)

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