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28 février 2022

Temps mêlés, par Christiane Koberich

Piste d'écriture : si vous pouviez vous projeter dans votre passé, que choisiriez-vous de faire?

            Quand j’étais petite… Oui, quand j’étais petite, il m’arrivait souvent d’espérer pouvoir changer les temps, revenir dans mon passé pour le corriger, effacer ce qui me contrariait dans le présent. Je refaisais l’histoire en imagination.

Par exemple au moment de présenter mon carnet scolaire à la signature de mon père, il y avait parfois une ou deux notes qui me chagrinaient, qui risquaient de m’exposer à des reproches, et je me culpabilisais. Et je m’inventais un film où je revenais en arrière, où j’aurais été très attentive en cours, plus appliquée, plus sérieuse et où je n’avais que de très bonnes notes.

Quand j’avais fait une bêtise « irréparable » je m’apaisais en m’efforçant de croire que j’avais agi autrement et que cette bêtise n’existait pas. J’en faisais une histoire qui finissait bien.

Ou alors je m’imaginais vivre une autre vie, avec des parents qui ne grondaient jamais, qui n’interdisaient jamais. Une sorte de vie de conte de fées.

Le procédé marchait plus ou moins. Et puis l’oubli jouait son rôle.  Mais c’était quand j’étais petite.

 

Il en va autrement dans ma vie d’adulte où je pense parfois à tout ce que je n’aurais pas connu, vécu, si j’avais transformé certains moments de mon passé, si j’avais par exemple épousé le « grand amour » de mes seize ans.  Je n’aurais alors pas eu cette histoire unique qui n’appartient qu’à moi.

J’ai entendu des personnes regretter : « Ah ! Si je pouvais refaire les choses, avec l’expérience qui est la mienne aujourd’hui... » Ce type de regrets n’est pas le mien.

De mon passé je retiens surtout beaucoup de bons moments. J’ai de la nostalgie bien sûr en revenant en arrière, mais c’est plutôt en évoquant tous ceux que j’ai aimés et qui ont disparu. J’ai par exemple des difficultés à revoir de vieilles photos des jours heureux. Alors je préfère ne pas trop m’y attarder.

Je regrette les personnes, oui, mais avec le temps ma douleur diminue et je sais qu’une partie de moi a été façonnée par elles ; dans mon inconscient elles continuent d’exister. Cependant je ne regrette pas mes choix, je ne me dis pas : « Ah ! Si j’avais su ! »

Je me sens plutôt bien dans mon présent. Aujourd’hui est déjà le passé de demain, il est éphémère et je risque de le regretter un jour, d’en avoir la nostalgie. Quand le présent ne me convient pas je me tourne plutôt vers l’avenir qui aura éliminé ce moment tourmenté.

Mais en même temps que je pense cela en écrivant ces lignes je sais aussi que dans la réalité, transformer le passé, vivre uniquement le présent, ou attendre toute réparation d’un futur hypothétique, n’est qu’illusion. Et il n’est pas interdit de se bercer d’illusion.

 

 

cop Christiane Koberich

 

 

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